Adaptation hédonique
Comment prendre conscience de cette course sans fin, et peut-être en sortir ?
Concept
L’adaptation hédonique, c’est la tendance observée des humains à revenir rapidement à un niveau de bonheur relativement stable en dépit d’événements positifs ou négatifs majeurs ou de changements importants dans leur vie.1
Les Américains parlent de « tapis roulant hédonique » : nos désirs et attentes s’adaptent à ce qu’on gagne et la course continue sans arrêt, ne me rendant pas plus ou moins heureux à long terme.
D’ailleurs, dès les années 400, Saint-Augustin utilisait une autre image pour décrire le même phénomène2 :
Le désir n’a pas de repos, il est infini en soi, sans fin, et certains l’on décrit comme une crémaillère perpétuelle ou un moulin à chevaux
Ce retour au bonheur moyen a été observé par exemple chez des gens ayant gagné à la loterie3 : 6 mois après le gain et passée l’euphorie, ils n’étaient pas plus heureux qu’avant le jackpot. Idem après un passage en prison4.
Réaction
Je ne crois pas que j’ai un niveau fixe de bonheur auquel je suis condamné à revenir sur le long terme, malgré mes oscillations à court terme.
Je crois en revanche que ces deux horizons sont très différents et que nombre de désirs et d’actions n’ont qu’un impact à court terme, finalement assez inutile.
Ainsi, loin de croire que je ne suis qu’un hamster qui va passer sa vie dans sa roue, je retiens et je crois que :
- s’il m’arrive des choses négatives dans la vie, leur impact sur mon bonheur va être très transitoire
- je peux élever mon point de bonheur en ayant des actions long terme sur lui : faire preuve de gratitude, me libérer de mes désirs, etc.
- je peux améliorer ma résilience en travaillant ma capacité à réduire l’ampleur des oscillations. Comme le disait un maître zen5, interrogé sur sa capacité à rester très centré : « en fait, je me décentre aussi souvent que vous, c’est juste que j’arrive à me recentrer beaucoup plus rapidement. »
Invitation
Qu’est-ce qui serait différent si je me posais ces deux questions ?
Est-ce que j’ai vraiment de bonnes raisons de courir aussi vite sur mon tapis roulant, alors même que l’effet de la carotte sera très transitoire ?
Si je traverse un coup dur, suis-je capable de croire que je reviendrai vite à mon niveau de bonheur de croisière ?
Notes & références
-
P. Brickman et D. T. Campbell, Hedonic relativism and planning the good society, 1971. ↩
-
Cité dans : R. Burton, The Anatomy of Melancholy, 1621. ↩
-
P. Brickman, D. Coates et R. Janoff-Bulman, « Lottery winners and accident victims: Is happiness relative? », Journal of Personality and Social Psychology, 1978, 36 (8) : 917-927. ↩
-
C. Wildeman, K. Turney et J. Schnittker, « The Hedonic Consequences of Punishment Revisited », The Journal of Criminal Law & Criminology, 2014, 104 (1) : 133-164. ↩
-
Citée approximativement par Jean-Lou Hecker, un de mes formateurs au coaching. Je n’ai pas retrouvé la source. ↩
Des
entités sont
référencées
(en lien avec d'autres apprenti-sages à découvrir) :
Saint-Augustin
(1)
Dialogue Coach
(4)
Ce graph montre le sous-ensemble des apprenti-sages de l'almanach en lien avec celui-ci via :
- une citation directe dans les notes
- un même livre de ma bibliothèque annotée
- une entité de référence commune
Il permet de montrer la tentative de lecture synoptique que j'essaie d'avoir dans ma pratique.
Comment interagir avec le graphe de dépendance ?