Animal sauvage
Comment approcher la nature mystérieuse de l'âme ?
Concept
Quel est le genre d’espace qui nous donne la meilleure chance d’entendre la vérité de notre âme et de nous y conformer ? (...) Ma réponse vient de la seule métaphore à ma connaissance qui reflète la nature de l’âme tout en respectant son mystère : l’âme est un animal sauvage.
Comme lui, elle est solide, résiliente, futée, pleine de ressources et autonome : elle sait comment survivre dans des lieux hostiles. Nous sommes nombreux à découvrir ces qualités dans les moments les plus sombres de notre vie, quand les facultés sur lesquelles nous comptons habituellement nous font totalement défaut, quand l’intellect ne sert plus à rien, quand les émotions sont mortes, la volonté impuissante et le moi en morceaux. Mais, parfois, au plus épais des forêts de notre vie intérieure, nous percevons la présence de quelque chose qui sait rester en vie et nous aide à avancer. Ce « quelque chose », je suggère que c’est notre âme, résistante et tenace.
Toutefois, si solide qu’elle soit, l’âme est également farouche. Comme un animal sauvage, elle recherche la sécurité du couvert des sous-bois, surtout quand il y a du monde autour. Si nous voulons voir un animal sauvage, nous savons que la dernière chose à faire est d’entrer en force dans le bois en criant pour qu’il en sorte. Mais si nous entrons sans bruit, si nous attendons patiemment, assis au pied d’un arbre, si nous respirons au rythme de la terre et si nous nous fondons dans le décor, la créature sauvage que nous désirons voir fera peut-être une apparition. (...)
Malheureusement, dans notre culture, une communauté se résume souvent à une troupe qui entre en force, dans les bois, effrayant l’âme et la faisant fuir. (...) Dans ces conditions, ce qui peut émerger, c’est l’intellect, les émotions, la volonté, le moi, mais pas l’âme que nous avons fait fuir, avec tout ce qu’elle inspire, les relations respectueuses, la bonne volonté et l’espoir.
— Parker Palmer1
Réaction
Cette très belle métaphore de Palmer me rappelle régulièrement qu’il est bon de faire une pause. De prendre du recul. De ralentir et de souffler.
Et surtout d’observer, sans perturber2, ce qui se passe en nous ou bien chez les autres.
Sans se précipiter pour mettre un mot dessus3. Sans « entrer en force » comme un éléphant dans un magasin de porcelaine.
Cette posture d’accueil actif, de curiosité et d’observation est source de richesse.
Invitation
Qu’est-ce qui serait différent si je tentais plus souvent cette approche ?
Notes & références
-
P. Palmer, A hidden wholeness, 2009.
Cité par : P. Palmer, « Teaching with heart and soul », Journal of Teacher Education, 2003, 54 (5).
Cité par : F. Laloux, Reinventing Organizations: A Guide to Creating Organizations Inspired by the Next Stage of Human Consciousness, 2014. ↩ -
À relire : cheminer au lieu d’interrompre. ↩
-
À relire : le mot n’est pas la chose. ↩
Note : cet apprenti-sage faisait partie d'un de mes précédents sites (FaciliterLeChangement.fr) et je l'ai rapatrié et enrichi ici. L'illustration originale y est remise pour référence.
Des
entités sont
référencées
(en lien avec d'autres apprenti-sages à découvrir) :
Parker Palmer
(1)
âme
(2)
Ce graph montre le sous-ensemble des apprenti-sages de l'almanach en lien avec celui-ci via :
- une citation directe dans les notes
- un même livre de ma bibliothèque annotée
- une entité de référence commune
Il permet de montrer la tentative de lecture synoptique que j'essaie d'avoir dans ma pratique.
Comment interagir avec le graphe de dépendance ?