Antidotes aux drivers
Casser consciemment ce cadre trop contraignant que j'ai intégré inconsciemment
Il y a quelque temps1, j’ai exploré les drivers, ou messages contraignants auxquels nous pouvions nous soumettre, notamment en cas de stress. Issus de la théorie de l’Analyse Transactionnelle2, ce sont des types de comportements que j’adopte et qui correspondent à l’intégration, dans mon enfance, d’une croyance liée à la répétition de messages de mes parents — j’en ai un dominant.
En face de ces 5 drivers, il y a des antidotes3 qui peuvent m’aider à sortir de ce comportement un peu compulsif :
- « Sois parfait » → « je suis suffisamment bien comme je suis. » Il existe un suffisamment bien, je peux comprendre que le mieux est l’ennemi du bien, que la perfection est très subjective et que la loi des rendements décroissants me guette dans certaines activités. En m’arrêtant lorsque les choses sont bien, je peux économiser beaucoup d’énergie, de temps et de stress.
- »Sois fort » → « je peux exprimer ce que je veux. » Je peux comprendre qu’avancer, sans jamais baisser les bras et en taisant mes émotions, se fait souvent aux dépens de mes besoins profonds. En sortant un peu de ma tête et en redescendant dans mon corps et mon cœur, je peux faciliter mes décisions et aussi demander de l’aide, car je ne suis pas seul.
- »Fais des efforts » → « je peux juste le faire. » Plutôt que de passer beaucoup de temps à tourner autour du pot, en dépensant beaucoup d’ostensible énergie, je peux essayer d’attaquer rapidement le cœur du problème, sans m’encombrer des détails autour. Je peux ainsi me convaincre de ma capacité à faire les choses.
- »Fais plaisir » → « je peux me faire plaisir. » Là encore, si je priorise les besoins des autres, j’oublie mes propres besoins. En essayant de me remettre au cœur de mes actions, je peux apprendre que les autres arrivent à survivre sans moi. Et au passage, je me libère d’un ressentiment qui peut monter chez moi.
- »Dépêche-toi » → « je peux prendre mon temps. » Je peux apprendre à prendre du plaisir dans l’action consciente. Ralentir me permet de profiter des choses et du chemin.
J’ai essayé de formuler les antidotes à la première personne pour qu’elles me sortent de la dépendance à l’autre. En effet, le driver provient d’un message qu’on m’a répété et je le prends comme une injonction. Je crois que la solution ne se trouve pas dans une autre injonction, qui enferme toujours un peu, mais dans la prise de conscience personnelle des droits que je peux me donner et de la liberté que je peux trouver.
On peut néanmoins être amené à aider un proche à sortir de ses drivers, à essayer de lui donner l’antidote. Dans ce cas-là, il faut le faire avec une posture de parité4 pour autonomiser la personne :
- « Sois parfait » : je peux prendre du temps pour rassurer l’autre, notamment en cas d’échec, et je peux l’aider à se désidentifier5 de ses actions, à séparer l’être du faire. Je peux lui donner des signes de reconnaissance — feedback positifs — inconditionnels et lui apprendre à accepter les feedbacks négatifs sur ses actions.
- »Sois fort » : je peux l’aider à recevoir de l’amour inconditionnel et à l’accepter. Je peux aussi l’aider à se connecter à ses ressentis et lui montrer l’intérêt de demander de l’aide parfois.
- »Fais des efforts » : je peux lui montrer que j’ai confiance en ses capacités et qu’elle peut faire les choses sans en souffrir.
- »Fais plaisir » : je peux lui apprendre à dire non et la remercier pour ce qu’elle fait pour moi tout en lui demandant de quoi elle aurait besoin, pour l’aider à ne pas s’oublier.
- »Dépêche-toi » : je peux lui montrer le plaisir qu’on peut prendre dans une activité, sans contrainte de temps — par exemple à flâner ou discuter. Je peux aussi lui fixer — si je suis dans ce genre de relation — des deadlines précises pour l’aider à structurer son rapport au temps.
Comme souvent, la première étape de l’antidote n’est pas l’antidote elle-même : c’est la prise de conscience de ce qui se joue en moi. Reconnaître mon driver dominant — ou mes drivers —, est déjà un grand pas vers la dissolution du problème qu’il cause pour moi. Ensuite, je dois constamment faire jouer mon système 26, pour éviter de tomber dans les automatismes. Je peux aussi travailler mon antidote comme un petit mantra, qui m’aiderait dans les situations difficiles. Je peux enfin demander à des gens proches de m’aider, mais c’est plus dur pour les « sois fort ! »
Notes & références
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À relire : nos drivers. ↩
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À relire aussi : positions de vie, programmation sans égo, effet IKEA, shit sandwich et grandir ou vieillir. ↩
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Certaines des idées ci-dessous sont inspirées de ce site, de ce site et de cette discussion sur un précédent apprenti-sage. ↩
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À relire : positions de vie. ↩
-
On parle dans ce cas d’écrasement des niveaux logiques, cf. les niveaux logiques de la pensée. ↩
-
À relire : système 1 et 2. ↩
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