Hugues Le Gendre

(note n°99 du )

(note reprise dans l'almanach : aller lire la version enrichie)

CAPI

Le pouvoir n'est pas toujours là où on le croit

Ichak Adizes1 est un consultant américain qui s’est intéressé2 à l’adaptation des entreprises aux changements permanents qui la menacent. Le changement étant permanent, l’entreprise doit prendre des décisions — les meilleures possibles — puis les exécuter — le mieux possible.

Cet apprenti-sage est consacré à la partie exécution de la décision.3

Adizes observe que la bonne exécution d’une décision nécessite le CAPI : c’est-à-dire la coalescence de l’autorité, du pouvoir et de l’influence.

Je trouve que c’est un modèle très puissant qui sépare proprement 3 notions que l’on confond souvent :

La première est conférée en général au leader — manager, dirigeant, etc. — mais peut aussi être collective — décision à la majorité, au consensus, au consentement, etc. Elle est, en général, assez claire pour tout le monde.

On croit que le deuxième est donné au leader, mais il est en fait donné à l’exécutant. L’autorité peut décider par exemple que le client est roi et qu’on doit le traiter de la meilleure façon possible. Si la personne au fond du centre d’appel ou à l’accueil de l’immeuble n’applique pas ces principes — délibérément ou non —, alors le client ne sera en pratique pas bien accueilli et aura une mauvaise expérience. Idem pour l’implémentation d’une fonctionnalité en développement informatique, etc.

La troisième est là où se trouve l’expertise. Les experts — internes ou consultants — apportent leurs expériences et leurs connaissances afin de faire des recommandations et d’influer sur la décision prise ou la meilleure manière de l’exécuter.

Pour moi, les leçons principales sont :

Dans un registre intra-personnel, on pourrait presque simplifier en les mettant en relation avec des notions psychanalytiques :

Autrement dit : ne négligeons pas nos freins inconscients. Et parfois, un bon coaching5 peut aider.

Enfin, un dernier sujet dans lequel je ressens particulièrement cette séparation entre A, P et I : ma relation à mes enfants, qui ont 4 et 5 ans. J’ai a priori l’autorité — même si on peut la questionner parfois. Pourtant, je n’ai clairement pas le pouvoir — malgré la frustration que cela peut m’apporter, je ne crois pas le vouloir, au fond. Il ne me reste que l’influence pour les guider vers ce que je crois être bon pour eux — sans tomber dans la manipulation. Et, au maximum, les faire participer à la décision, en se répartissant collectivement l’autorité.

Notes & références

  1. J’avais parlé de lui déjà au sujet de la démocrature.

  2. I. K. Adizes, Mastering Change: The Power of Mutual Trust and Respect in Personal Life, Business and Society, 1992.

  3. J’ai partagé hier sur sur la partie prise de décision.

  4. Décision que l’on espère prise avec une bonne représentation du PAEI

  5. Il est très courant que le coaché arrive avec une décision de changement prise, mais l’incapacité à l’implémenter...

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Je m'appelle Hugues Le Gendre et je convertis les problèmes complexes de mes clients en opportunités d'agir autement et de nous transformer (eux et moi).

Mes notes d'apprenti-sage sont la collection des petites choses du quotidien qui me nourrissent, modifient mes modèles mentaux, affinent ma philosophie de vie et me guident sur mon chemin d'apprenti-sage.

Une partie d'entre elles a été réunie dans un almanach : une invitation quotidienne au développement personnel et professionnel. En partageant des théories et des pratiques, documentées précisément et mises en lien avec la vraie vie, et en posant une question importante par jour, il contribue à devenir plus conscient⸱e, s'examiner honnêtement et actualiser sa propre philosophie de vie. En tout cas, ça en a été l'effet sur moi et sur des milliers de lecteurs depuis que je publie mon journal !
Il donne aussi une idée de ce que je cherche à insuffler dans mes interventions.

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