Hugues Le Gendre

(note n°116 du )

(note reprise dans l'almanach : aller lire la version enrichie)

Développer son empathie

Empathie #4 -- Une compétence que l'on peut développer

Cette semaine, j’écris autour du sujet de l’empathie et ce qu’elle permet.
Les idées sont tirées d’une mini-formation1 — 1 h 30 très orientée pratique — que j’ai donnée plusieurs fois à EDF en 2019.


Ces derniers jours, j’ai documenté ce qu’était l’empathie, une des raisons neuroscientifiques de son apparition, et comment elle était au cœur d’un processus de régulation émotionnelle par le nourrissement de mes besoins et de ceux des autres. De plus, elle est la fondation de la posture de coaching qu’on m’a transmise.

Elle est aussi une composante clé des processus d’innovation et de design centrés sur l’humain, notamment le design thinking (dont elle est d’ailleurs une étape explicite).

Ainsi, l’empathie semble être une compétence intéressante à développer ! La bonne nouvelle est que c’est possible : elle peut se travailler.

Une première façon de l’entraîner est de pratiquer l’écoute silencieuse. Écouter simplement une personne pendant un temps conséquent, sans l’interrompre, sans rebondir sur ses propres expériences, sans projeter ses propres idées, sans réfléchir à la prochaine question qu’on lui posera.2 Être simplement avec elle et pour elle, dans l’accueil. C’est un exercice extrêmement simple et pourtant parfois si compliqué. Car il nécessite ce que Tchouang Tseu3 appelait : « une vacuité de toutes les facultés. »

Une deuxième façon de l’entraîner est de la pratiquer sur soi : c’est l’auto-empathie. C’est pratique, on peut le faire tout le temps. L’idée est de se placer en méta par rapport à soi — c’est-à-dire en se dissociant de soi pour s’observer — et de déployer le processus de la CNV4 sur soi-même. Au début, je peux tout bêtement prendre la liste des émotions que j’ai partagée hier et essayer de voir laquelle correspond vraiment à mon état. Puis je creuse sur les circonstances objectives qui ont contribué à l’apparition de cet état et surtout je m’intéresse à la compréhension du besoin qui est touché. Non seulement c’est important pour mon bien-être, car cela nourrit un métabesoin d’entente de mes besoins. Mais ça m’entraîne à une écoute de moi, qui fonctionne tout aussi bien avec l’autre.

Une troisième façon de l’entraîner est de pratiquer la synchronisation. On a vu que les neurones miroirs étaient à l’œuvre dans le déploiement de l’empathie. Le fait de synchroniser mes comportements et les mots que j’utilise avec ceux de la personne en face de moi va activer ces neurones. C’est une technique un peu controversée — car, avec une mauvaise intention, on tombe dans la manipulation — qui est au départ utilisée pour mettre la personne en face dans des conditions plus favorables de partage. Mais elle crée aussi chez moi des conditions favorables à l’apparition de l’empathie, notamment en sollicitant une écoute avec tout mon corps.

Il y a en probablement plein d’autres, je suis preneur de retours !

Les points d’attention à garder en tête lorsque je travaille ou déploie l’empathie :

Ce dernier point est important :

Voici un principe qui, selon nous, allonge de manière significative l’espérance de vie de ceux qui l’appliquent : ne jamais croire ce qui est exprimé ! En attachant le moins d’importance possible au message littéral, nous pouvons nous centrer sur sa force de vie, parfois cachée derrière les mots.

— Jean-Philippe Faure et Céline Girardet 7

Notes & références

  1. J’en ai donné quelques-unes du même style ces dernières années.

  2. On retrouve de nombreuses caractéristiques partagées par Celeste Headlee sur comment avoir une meilleure conversation.

  3. On a lu une définition de l’empathie qu’il proposait.

  4. On a bien décrit hier ce processus en 4 étapes.

  5. Pour les projections, voir cet apprenti-sage et tous ceux qui y sont liés.

  6. C’est l’un des 4 accords toltèques.

  7. J.-P. Faure et C. Girardet, L'empathie, le pouvoir de l'accueil, 2013.

Réagir & partager

Je m'appelle Hugues Le Gendre et je convertis les problèmes complexes de mes clients en opportunités d'agir autement et de nous transformer (eux et moi).

Mes notes d'apprenti-sage sont la collection des petites choses du quotidien qui me nourrissent, modifient mes modèles mentaux, affinent ma philosophie de vie et me guident sur mon chemin d'apprenti-sage.

Une partie d'entre elles a été réunie dans un almanach : une invitation quotidienne au développement personnel et professionnel. En partageant des théories et des pratiques, documentées précisément et mises en lien avec la vraie vie, et en posant une question importante par jour, il contribue à devenir plus conscient⸱e, s'examiner honnêtement et actualiser sa propre philosophie de vie. En tout cas, ça en a été l'effet sur moi et sur des milliers de lecteurs depuis que je publie mon journal !
Il donne aussi une idée de ce que je cherche à insuffler dans mes interventions.

@lib/utils