Hugues Le Gendre

(note n°187 du )

(note reprise dans l'almanach : aller lire la version enrichie)

Dire non

5 pistes pour arriver à le faire en conscience

Saint-Exupéry écrivait1 : « la perfection est atteinte, non pas lorsqu’il n’y a plus rien à ajouter, mais lorsqu’il n’y a plus rien à retirer. »

Libérer ma vie des choses qui ne sont pas essentielles afin de pouvoir la rendre plus intentionnelle nécessite de dire non à beaucoup de choses. Dire non à des objets et dire non à des personnes. Je prends conscience en l’écrivant que le « non » est une des choses les plus importantes de la vie. Pas un « non » fermé qui est dans le rejet, mais un « non » qui est intentionnel et ouvre le champ à d’autres choses.

Et ça n’est pas évident pour moi de dire non à des gens — je trouve le minimalisme plus facile ! Je pense qu’il y a un peu du driver « fais plaisir » qui se cache par là. Faire passer les besoins des autres avant les miens a été un sujet de travail qui m’a amené à trouver une balance plus écologique pour moi.

La clé est donc d’apprendre à dire « non » tout en se sentant bien. Et Erin Zammett Ruddy, une autrice et éditrice américaine, donne 5 pistes2 pour ça :

  1. Me souvenir que le temps a de la valeur, et qu’une fois dépensé, je ne peux le récupérer.
  2. Me poser la question : « est-ce que j’aurais envie de faire ça, si c’était demain ? » C’est tellement facile de prendre un engagement pour une période lointaine. Il serait bon de rendre service à mon futur moi, en appliquant ce petit questionnement.
  3. Répondre rapidement : une fois que je sais que je vais refuser, ne pas faire attendre les gens qui dépendent de ma réponse.
  4. Assumer mon « non » si ça n’est pas une priorité, car quelque chose d’autre l’est — sans forcément le partager à l’autre.
  5. Recadrer3 mon « non » si ça aurait été quelque chose que j’aurais aimé faire : si l’engagement a de la valeur pour moi, il mérite d’être bien fait et je ne suis pas en capacité de lui donner l’attention nécessaire donc autant le proposer à une autre personne.

Les pistes n° 1, 2 et 5 aident à prendre la décision du « non », en me souvenant du coût d’opportunité4 qui y est associé. Notamment, la seconde est une question particulièrement puissante que j’ai déjà évoquée5 dans un apprenti-sage.

La piste n° 3 m’invite à ôter le sparadrap rapidement, pour mon bien et celui des autres. Pour quelqu’un qui a du mal à dire non, une fois que j’ai répondu, je me sens tout de suite plus léger. Un vrai poids est enlevé : le poids de dire « non » et le métapoids du risque de dire « oui » juste par peur de dire « non. »

La piste n° 5 m’invite à changer mon rapport à la chose que je refuse. À de nombreux instants, il peut y avoir une tension en moi — un dilemme — entre 2 choses que je voudrais. Réussir à intégrer ses différents besoins, parfois contradictoires, et hiérarchiser à un instant donner ce qui est important pour moi est vraiment la clé d’une vie plus légère et en mouvement. Et reconnaître que ces 2 choses sont importantes et que celle que je fais refuser mérite d’être faite avec toute l’attention qu’elle mérite peut aider à avancer et refuser en conscience. Car l’alternative est d’accepter les deux choses et probablement d’en faire une des deux mal ou avec un risque fort pour mon écologie personnelle — surcharge.

Ça n’est pas une théorie du non, mais ces quelques pistes de réflexion sont des pierres à l’édifice.

Notes & références

  1. À relire : le principe d’inversion, la technique d’apprentissage de Feynman et les enseignements de Derek Sivers.

  2. Lire : l’article original. La traduction et l’adaptation des pistes sont personnelles.

  3. À relire : le piège de cadrage.

  4. À relire : suffisfaisant et les coûts irrécupérables.

  5. À relire : le filtre d’immédiateté

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Je m'appelle Hugues Le Gendre et je convertis les problèmes complexes de mes clients en opportunités d'agir autement et de nous transformer (eux et moi).

Mes notes d'apprenti-sage sont la collection des petites choses du quotidien qui me nourrissent, modifient mes modèles mentaux, affinent ma philosophie de vie et me guident sur mon chemin d'apprenti-sage.

Une partie d'entre elles a été réunie dans un almanach : une invitation quotidienne au développement personnel et professionnel. En partageant des théories et des pratiques, documentées précisément et mises en lien avec la vraie vie, et en posant une question importante par jour, il contribue à devenir plus conscient⸱e, s'examiner honnêtement et actualiser sa propre philosophie de vie. En tout cas, ça en a été l'effet sur moi et sur des milliers de lecteurs depuis que je publie mon journal !
Il donne aussi une idée de ce que je cherche à insuffler dans mes interventions.

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