Hugues Le Gendre

(note n°230 du )

(note reprise dans l'almanach : aller lire la version enrichie)

Malédiction de la connaissance

Biais cognitif -- je ne dois pas faire de supposition sur la connaissance de l'autre

Dans la série1 mon cerveau me joue des tours2, rubrique mes biais cognitifs, je demande la malédiction de la connaissance.

C’est le biais qui survient lorsque je suppose inconsciemment que mon interlocuteur a les mêmes connaissances de base que moi pour comprendre ce que je lui dis.

Il apparaît très naturellement dans les situations où il y a une asymétrie forte d’information entre les acteurs. Par exemple,

Ce biais a été découvert4 et étudié5 6 dans les années 90-2000, notamment par une expérience simple dans laquelle les gens surestimaient systématiquement la capacité d’observateurs à reconnaître des chansons dont ils tapotaient le rythme avec leurs doigts.

Ce biais est très intéressant dans le cadre de la relation interpersonnelle. Les cartes mentales et7 les lunettes sur le monde que j’ai développées, la forme d’intelligence prédominante8 que j’ai sont des facteurs qui changent fortement ma perception du monde et qui pourtant me paraissent évidents. Mes croyances et mes expériences ne sont pas présentes naturellement chez l’autre.

Lorsque je discute avec quelqu’un, être toujours en conscience de cet effet et adapter mon discours en conséquence est nécessaire, mais peut aussi être une source de perte d’énergie importante. C’est pour ça qu’on aime tant trouver les gens avec lesquels on a des atomes crochus afin de pouvoir explorer plus facilement un champ de connaissance commun. Les sujets rebondissent et résonnent sans effort.

Et en même temps, se mettre dans une posture de discussion avec quelqu’un qui a des a priori ou des niveaux de connaissance très différents a plusieurs intérêts, notamment

Pour résumer, et comme le diraient les Toltèques : je ne dois pas faire de suppositions11.

Notes & références

  1. J’essaie de documenter différents biais cognitifs, une fois par semaine, un peu comme je l’avais fait pour les lois de l’UX.

  2. Cette expression est inspirée du titre du livre : A. Moukheiber, Votre cerveau vous joue des tours, 2019. Et de la discussion eu avec le philosophe Charles Pépin dans son podcast.

  3. Avec Champs Libres, ici. 2

  4. Jane Kennedy, « Debiasing the Curse of Knowledge in Audit Judgment », The Accounting Review, 1995, 70 (2), 1995.

  5. Jeff Froyd et Jean Layne, « Faculty development strategies for overcoming the ‘curse of knowledge’ », 2008 38th Annual Frontiers in Education Conference, 2008.

  6. Colin Camerer, George Loewenstein et Martin Weber, « The Curse of Knowledge in Economic Settings: An Experimental Analysis », Journal of Political Economy, 1989, 97 (5).

  7. À relire : carte et territoire.

  8. À relire : intelligences multiples.

  9. À relire : loi de la proximité.

  10. À relire : technique d’apprentissage de Feynman.

  11. À relire : accords toltèques.

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Je m'appelle Hugues Le Gendre et je convertis les problèmes complexes de mes clients en opportunités d'agir autement et de nous transformer (eux et moi).

Mes notes d'apprenti-sage sont la collection des petites choses du quotidien qui me nourrissent, modifient mes modèles mentaux, affinent ma philosophie de vie et me guident sur mon chemin d'apprenti-sage.

Une partie d'entre elles a été réunie dans un almanach : une invitation quotidienne au développement personnel et professionnel. En partageant des théories et des pratiques, documentées précisément et mises en lien avec la vraie vie, et en posant une question importante par jour, il contribue à devenir plus conscient⸱e, s'examiner honnêtement et actualiser sa propre philosophie de vie. En tout cas, ça en a été l'effet sur moi et sur des milliers de lecteurs depuis que je publie mon journal !
Il donne aussi une idée de ce que je cherche à insuffler dans mes interventions.

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