Hugues Le Gendre

(note n°281 du )

(note reprise dans l'almanach : aller lire la version enrichie)

Sympatheia

Toutes les choses de l'univers sont interconnectées et interdépendantes

La sympatheia est l’idée stoïcienne que toutes les choses de l’univers sont interconnectées et interdépendantes. C’est un mot grec qui signifie co-affection.

Marc Aurèle invite1 à « méditer souvent sur l’interconnexion et l’interdépendance mutuelle de toutes les choses de l’univers. » Il écrit aussi « ce qui est mauvais pour la ruche est mauvais pour l’abeille. »

Les stoïciens ont ainsi une vision unifiée de tous : nous faisons tous partie d’un même organisme plus grand, nous en partageons la même substance. Nous sommes séparés et nous sommes unis à la fois. Ainsi, ça a du sens d’adopter une pensée plus systémique et de chercher à faire le bien autour de nous puis plus loin encore.

Sans forcément chercher à confirmer l’aspect spirituel de la philosophie, la psychologie offre aussi un regard intéressant sur ce paradoxe de séparation-unité.

Le modèle des niveaux logiques de la pensée2, qui décrit ce que nous sommes et comment nous fonctionnons dans notre environnement, nous représente comme une pyramide de 4 niveaux — de bas en haut : comportements, compétences et capacités, valeurs et croyances, identité — qui repose sur notre environnement et réside sous un niveau d’appartenance. L’influence principale3 est de haut en bas : notre identité influe nos valeurs qui se traduisent en croyances qui déterminent des capacités d’action qui se matérialiseront comme des comportements au sein de notre environnement.

Dans ce modèle, ce qui nous sépare est le bas de la pyramide, des croyances aux comportements. Alors que ce qui nous unit est en haut — notre identité, comme une contribution au monde, et nos valeurs.

La communication non violente4 dit la même chose : nous tous avons des besoins, qui sont raisonnablement limités en nombre et souvent très proches, et nous adoptons des stratégies très différentes pour les nourrir, qui sont parfois directement en opposition3.

Lorsque j’accompagne des équipes, j’essaye souvent d’aller travailler au niveau des valeurs : les participants reprennent ainsi conscience de ce qui les unit. Une fois ceci reposé, l’amélioration du fonctionnement de l’équipe est toujours plus simple.

La science même peut nous aider à nous en souvenir. Hubert Reeves l’a dit : « nous sommes tous de la poussière d’étoiles. » Et le nous est le plus global imaginable : humain, animal, végétal, minéral, air, astre. La théorie de l’évolution nous dit la même chose : nous sommes tous issus de la même vie.

Est-ce que cela ne nous donne pas une forme de responsabilité liée à notre co-affection ?

Notes & références

  1. M. Aurèle, Pensées pour moi-même, 2013.

  2. À relire : niveaux logiques de la pensée.

  3. Mais ça n’est pas à sens unique non plus. 2

  4. À relire : communication non violente.

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Je m'appelle Hugues Le Gendre et je convertis les problèmes complexes de mes clients en opportunités d'agir autement et de nous transformer (eux et moi).

Mes notes d'apprenti-sage sont la collection des petites choses du quotidien qui me nourrissent, modifient mes modèles mentaux, affinent ma philosophie de vie et me guident sur mon chemin d'apprenti-sage.

Une partie d'entre elles a été réunie dans un almanach : une invitation quotidienne au développement personnel et professionnel. En partageant des théories et des pratiques, documentées précisément et mises en lien avec la vraie vie, et en posant une question importante par jour, il contribue à devenir plus conscient⸱e, s'examiner honnêtement et actualiser sa propre philosophie de vie. En tout cas, ça en a été l'effet sur moi et sur des milliers de lecteurs depuis que je publie mon journal !
Il donne aussi une idée de ce que je cherche à insuffler dans mes interventions.

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