(note reprise dans l'almanach : aller lire la version enrichie)
Biais de confirmation
Biais cognitif -- je ne vois que ce que je crois
Dans la série1 mon cerveau me joue des tours2, rubrique mes biais cognitifs, je demande le biais de confirmation.
Wikipédia le définit ainsi :
Le biais de confirmation, également dénommé biais de confirmation d’hypothèse, est le biais cognitif qui consiste à privilégier les informations confirmant ses idées préconçues ou ses hypothèses et/ou à accorder moins de poids aux hypothèses et informations jouant en défaveur de ses conceptions.
Il est particulièrement à l’œuvre lorsqu’on est en train de rassembler des éléments pour prendre une décision.
Un exemple tout bête qui m’est arrivé : lorsque je me suis posé la question de changer de voiture et que j’ai trouvé un modèle qui me paraissait bien, je passe mon temps à voir passer dans la rue des voitures ce modèle. L’hypothèse sous-jacente n’est pas forcément évidente : elle doit être de l’ordre de la réassurance sociale — « c’est forcément une bonne voiture, beaucoup de gens l’ont achetée. » En tout cas, l’effet est clair : mon cerveau ne voit plus que ce modèle.
Dans un registre de développement personnel, ce biais est ce qui me rend extrêmement précautionneux avec les typologies : les modèles de personnalité, type MBTI, Process Com, ou ennéagramme. Ces tests sont intéressants, ils nous éclairent sur notre fonctionnement. En revanche, ils sont très enfermant. Et surtout, le biais de confirmation va avoir tendance à créer une boucle de renforcement assez néfaste. Par exemple, si je prends conscience que je suis INTJ pour le test du MBTI, je vais risquer de croire que je ne suis que INTJ. Mon cerveau va naturellement sélectionner, dans ma vie quotidienne, toutes les manifestations du comportement d’un INTJ. Et à la fin de la journée, je vais me dire : « bah oui, je suis vraiment INTJ... » Et le coup d’après, ça sera : « je ne peux pas faire ça moi, car je suis INTJ... »
Le biais de confirmation s’immisce aussi dans le cadre interpersonnel : on va avoir tendance à rester sur sa première impression et à ne voir ensuite que les arguments qui vont dans le sens de ce premier ressenti. C’est le cas lorsque l’on recrute quelqu’un par exemple...
Et en même temps, ce biais peut avoir un effet très positif sur moi, si je le prends dans le bon sens. La méthode Coué repose dessus : je me raconte l’histoire que je vais bien et mon cerveau va faire le reste.
Comment essayer de s’en détacher ? Ça n’est pas simple. Ça commence par prendre conscience que ce biais existe. Ensuite, il faut challenger régulièrement ses croyances. On peut essayer de garder toujours une part de doute et utiliser l’exercice mental de « il y a une version du monde dans laquelle3... » S’entourer de gens différents et solliciter leur avis est aussi une bonne idée. Enfin, se faire régulièrement l’avocat du diable peut aussi aider.
Pour résumer, le biais de confirmation, c’est un peu l’inverse de saint Thomas : lui ne croyait que ce qu’il voyait, mais avec le biais de confirmation, moi je ne vois que ce que je crois.
Notes & références
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J’essaie de documenter différents biais cognitifs, une fois par semaine, un peu comme je l’avais fait pour les lois de l’UX. ↩
-
Cette expression est inspirée du livre : A. Moukheiber, Votre cerveau vous joue des tours, 2019. On me l’a chaudement recommandé. Je ne l’ai pas encore lu, mais ce podcast, avec le philosophe Charles Pépin, est à écouter. Édit. : c’est maintenant fait. ↩
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J’ai décrit cet exercice et fait le lien avec les accords toltèques, les a priori négatifs et ce que c’est que réussir. ↩
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