(note reprise dans l'almanach : aller lire la version enrichie)
Biais d'information
Biais cognitif -- collecter toujours plus d'information, alors même que c'est inutile
Dans la série1 mon cerveau me joue des tours2, rubrique mes biais cognitifs, je demande le biais d’information.
C’est un biais cognitif qui consiste à chercher de l’information additionnelle alors même qu’elle ne va pas affecter la décision à prendre ou l’action à réaliser.
Il a été mis au jour dans une étude en 19883 auprès de médecins. Face à une patiente pour qui étaient indiquées les trois pathologies possibles, avec des probabilités d’occurrence — 80 % pour A et sinon, soit B soit C —, les sujets de l’expérience devaient décider de prescrire ou non un test très coûteux permettant de discriminer entre B et C, mais n’ayant pas de résultat significatif pour A. Alors même que la logique et le calcul mathématique démontrent très facilement que le patient doit être traité pour A d’abord, avec ou sans test, une grande partie des médecins ont tout de même décidé de prescrire le test en plus.
Afin de me rassurer, et alors même que cela va rajouter du coût ou du délai, je vais avoir une tendance naturelle à aller chercher plus d’information.
Dans le cadre du travail, ce biais s’observe notamment dans l’innovation ou dans la gestion de projet : « avant de lancer ce nouveau produit, est-ce qu’il ne faudrait pas qu’on se renseigne sur les gains de productivité qu’ils pourraient nous permettre d’obtenir au passage ? » Dans ce cas, la détermination de ces bénéfices additionnels, qui n’ont rien à voir avec l’intention initiale, va ajouter un délai au lancement...
À un niveau personnel, ce biais d’information peut contribuer fortement à de la procrastination4. Il me donne une bonne excuse pour ne pas passer à l’action.
Pour l’éviter, je pense qu’il y a au moins deux stratégies. Tout d’abord, et comme d’habitude, essayer de bien basculer en système 25 pour analyser logiquement ce que ces nouvelles informations pourraient apporter. Mais je peux aussi me poser la question de l’intention d’aller chercher ces informations, que ce besoin soit chez moi ou chez un collègue qui le propose. De l’empathie — ou de l’auto-empathie — et du questionnement — ou de l’introspection — peuvent permettre de mettre le doigt sur le besoin non exprimé qui se matérialise par cette demande. Je peux ensuite essayer de nourrir ce besoin d’une autre façon, plus écologique, au sens large, pour le système. C’est une approche utilisée par la communication non violente6.
Notes & références
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J’essaie de documenter différents biais cognitifs, une fois par semaine, un peu comme je l’avais fait pour les lois de l’UX. ↩
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Cette expression est inspirée du titre du livre : A. Moukheiber, Votre cerveau vous joue des tours, 2019. Et de la discussion eu avec le philosophe Charles Pépin dans son podcast. ↩
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Jonathan Baron, Jane Beattie et John Hershey, « Heuristics and biases in diagnostic reasoning », Organizational Behavior and Human Decision Processes, 1988, 42 (1), p 88–110. ↩
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À relire : règle des 15 minutes, prédécisions et puissance des rituels. ↩
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À relire : système 1, système 2. ↩
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À relire : communication non violente. ↩
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