(note reprise dans l'almanach : aller lire la version enrichie)
Choix et décision
C'est lorsque le savoir ne suffit pas que nous devons décider
Dans Les vertus de l’échec1, Charles Pépin2 propose un essai très fouillé sur l’échec et ce qu’il peut nous apporter. Il y multiplie les angles de vue : philosophie, psychanalyse, etc. ainsi que les exemples (notamment contemporains) et citations pour faire évoluer la croyance, bien ancrée dans notre société, que l’échec est un problème.
Parmi les apprentissages que j’ai faits grâce au livre, il y a le sujet du choix et de la décision, et leur lien à l’audace :
Décision et choix : ces deux termes semblent synonymes. Ils ne le sont pas. Il faut comprendre leur différence pour approcher le secret de l’audace.
Prenons une situation au cœur de laquelle nous hésitons entre une option A et une option B. S’il apparaît, après examen rationnel, que l’option B est meilleure que l’autre, alors nous choisissons B. Ce choix est fondé, explicable : il n’y a donc rien à décider. Si, malgré l’examen, nous continuons à douter, manquons d’argument, mais sentons néanmoins qu’il faut opter pour B, alors nous le décidons. La décision exige un saut au-delà des arguments rationnels, une confiance en son intuition.
C’est précisément lorsque le savoir ne suffit pas que nous devons décider — du latin « decisio » : action de trancher. Une décision est toujours audacieuse : elle implique par définition la possibilité de l’échec. S’engager dans la Résistance pour sauver son pays est une décision, pas un choix. Créer Tesla Motors en faisant le pari, comme l’entrepreneur américain Elon Musk, que toutes les voitures seront électriques dans cinquante ans, est une décision, pas un choix. Tenter un passing-shot en bout de course aussi.
J’aime bien cette précision des mots qui met la lumière sur un sujet profond.
Le choix est facile. Il ne s’encombre pas de dilemme ou de nuance. La décision est difficile. Elle nécessite une écoute de soi plus complète, pas uniquement cérébrale. Une écoute de son corps, de son cœur, de ses tripes. On y retrouve en partie la nécessité de prendre en compte ce qu’Antonio Damasio appelle les marqueurs somatiques3.
Je trouve ça rassurant de séparer les deux. Ça me permet de diminuer la pression sur les choix. Ça permet aussi de reconnaître l’importance d’autres facteurs que la seule raison consciente... On retrouve un sujet que j’ai découvert puis beaucoup travaillé avec le coaching.
Notes & références
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C. Pépin, Les vertus de l'échec, 2016. ↩
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Il tient aussi un podcast intéressant, Charles Pépin : une philosophie pratique. J’y ai entendu Albert Moukheiber dans un épisode qui m’a inspiré ma série du vendredi sur les biais cognitifs. ↩
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À relire : marqueurs somatiques. ↩
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