Commission ou omission
Comment éliminer la paralysie managériale ou personnelle ?
Concept
Russel Ackoff1, un grand nom de la pensée systémique et de la théorie de l’organisation, me rappelle2 qu’il y a deux types d’erreurs :
- l’erreur par commission3 : j’ai fait une chose que je n’aurais pas dû faire
- l’erreur par omission : je n’ai pas fait une chose que j’aurais dû faire
Les erreurs par omission ont des conséquences souvent plus graves que les erreurs par commission : j’ai oublié de fermer le gaz ; je n’ai pas regardé avant de m’engager dans cette rue ; je n’ai pas dédié assez de temps à l’innovation dans mon entreprise ; etc.
Or, nos systèmes de comptabilité personnelle ou organisationnelle sont mal calibrés : les erreurs par omission passent souvent inaperçues et ne sont détectées que dans leurs conséquences dramatiques, et seulement si l’on fait l’effort honnête de les chercher4.
Comme la majorité des organisations stigmatise fortement l’erreur et que les erreurs mesurées sont celles qui impliquent d’avoir fait quelque chose qui n’aurait pas dû être fait, la meilleure stratégie pour éviter le blâme est d’en faire le moins possible.
Réaction
L’apprentissage est intimement lié à l’échec. Mon cerveau est bayésien5 : il a un modèle a priori du monde, fait des prédictions, collecte des preuves qui l’infirment ou le confirment, puis modifie le modèle a posteriori. L’apprentissage le plus fort est le changement de croyance, qui va opérer une reconfiguration6 de mon système de perception et de fonctionnement : le monde est différent ensuite.
Plus je me mets dans des situations nouvelles, plus mon risque d’erreur est important, car mon modèle est assez mal calibré, mais plus mes apprentissages seront grands. Plus je reste dans ma zone de maîtrise, moins je fais d’erreurs et je ne fais que confirmer à la marge ma maîtrise.
Au niveau personnel, l’erreur est douloureuse. Littéralement : sa reconnaissance s’accompagne d’une baisse de la dopamine dans le circuit de la récompense de mon cerveau, et c’est très désagréable. Et je crois Ackoff : la dissonance cognitive est moins forte sur des erreurs par omission que par commission. Du coup, je prends le risque de ne rien faire pour éviter de mal faire7.
Sauf à changer de croyance sur l’erreur et de comprendre l’importance des erreurs par omission, par exemple en :
- effectuant une relecture8 régulière et franche de ma vie, ou du fonctionnement de mon entreprise
- ayant une approche mêlée d’exigence et de tendresse9
- changeant une autre croyance : ne rien faire, c’est en fait choisir de faire quelque chose, qui est rien, donc les erreurs par omission choisie sont en fait des erreurs par commission
Invitation
Qu’est-ce qui serait différent si je m’attachais à mettre sur mon radar les erreurs par omission ?
Notes & références
-
À relire : optimisation locale ; contenu mental. ↩
-
Issu de cet article (en anglais). ↩
-
Les chrétiens disent aussi « par action » dans le Notre Père. ↩
-
À relire : erreur de la cause unique ; résilience. ↩
-
À relire : erreur de la preuve anecdotique. ↩
-
À relire : niveaux logiques. ↩
-
À relire : biais de lister les biais. ↩
-
À relire : dinde inductiviste ; vie intentionnelle ; relecture en 4F ; devoir ou choisir. ↩
-
À relire : exigence et tendresse. ↩
Des
entités sont
référencées
(en lien avec d'autres apprenti-sages à découvrir) :
Russel Ackoff
(3)
erreur
(2)
bayésien
(3)
cerveau
(17)
relecture
(6)
systémie
(10)
Ce graph montre le sous-ensemble des apprenti-sages de l'almanach en lien avec celui-ci via :
- une citation directe dans les notes
- un même livre de ma bibliothèque annotée
- une entité de référence commune
Il permet de montrer la tentative de lecture synoptique que j'essaie d'avoir dans ma pratique.
Comment interagir avec le graphe de dépendance ?