(note reprise dans l'almanach : aller lire la version enrichie)
Comportements contagieux
Choisir les gens les plus proches de moi, pour orienter leur influence
J’ai régulièrement évoqué1 ici la théorie, attribuée à Jim Rohn2 :
on est la moyenne des 5 personnes qu’on côtoie le plus
Bien qu’un peu caricaturale, cette forme de la loi de la proximité3 m’invite à choisir consciemment les gens avec que je vais passer le plus de temps, car ceux-ci m’influencent naturellement.
Dans un livre sur la foule4, Mehdi Moussaïd cite5 un exemple très scientifique6 de cet effet :
Le risque de voir son indice de masse corporel augmenter [...] était de 57 % plus élevé lorsqu’un proche avait grossi dans les années précédentes. Si l’initiateur était situé à deux poignées de main, par exemple un collègue de votre meilleur ami, le risque était de 20 %, et à une distance de trois personnes, il atteignait encore 10 %. En somme, le cousin du patron de votre frère peut vous faire grossir. Et la contagion concerne tout autant le tabagisme, l’alcoolisme, la dépression, l’activité sportive, le divorce... que le bonheur. Nous sommes ainsi en grande partie façonnés par la position que nous occupons dans ce gigantesque réseau humain. Même les personnes que nous ne connaissons pas peuvent nous transmettre par ricochet leur façon de vivre.
C’est assez fascinant de le voir démontré comme ça.
Cela confirme dans un autre champ, quelque chose que j’avais mentionné ici7 : aux États-Unis, si un de mes voisins gagne à la loterie, la probabilité8 que je fasse faillite augmente de 2,4 % par tranche de 1000 dollars gagnés. En effet, je me lance implicitement dans une course à l’échalote en achetant des biens plus chers que je n’ai pas les moyens de payer.
Il ne s’agit pas forcément de choisir mes amis — car cela pourrait paraître un peu artificiel, même si Dale Carnegie en9 a fait un best-seller —, mais plutôt les gens avec lesquels je passe le plus de temps. Pour moi, ça veut dire ma femme, mes enfants et mes collègues de travail.
Sur ce point, je me sens vraiment privilégié, d’une part à la maison, et d’autre part dans mon activité professionnelle, car mon statut d’indépendant m’a permis de choisir de travailler avec des gens intéressants et inspirants et qui m’invitent à leur manière à grandir.
Et si je relâche la contrainte de la quantité de temps passé, mais que je garde la profondeur de la relation, j’ai la même gratitude pour les personnes qui émergent.
Merci à vous tous — une bonne partie me lit.
Notes & références
-
À relire : loi de la proximité ; à la frontière ; dinde inductiviste. ↩
-
Jim Rohn est un auteur et conférencier célèbre qui intervenait sur le sujet du développement personnel et de la motivation, aux États-Unis. ↩
-
À relire : loi de la proximité. ↩
-
Mehdi Moussaïd, Fouloscopie : Ce que la foule dit de nous, 2019. ↩
-
Il s’agit d’un des apprentissages de la fameuse étude longitudinale de Framingham dans le Massachusetts. ↩
-
À relire : perdre sans jouer. ↩
-
S. Agarwal, S. Mikhed et B. Scholnick, « Peers’ Income and Financial Distress: Evidence from Lottery Winners and Neighboring Bankruptcies », Federal Reserve Bank of Philadelphia, 2018. ↩
-
D. Carnegie, How to Win Friends and Influence People, 1936. ↩
Réagir & partager
- Participe à la conversation ou à son écho sur LinkedIn !
- Temps de lecture : 3 minutes
- Pour te poser une sage question chaque matin :