Hugues Le Gendre

(almanach n°333 du )

Connexion forcée

Comment générer de nouvelles idées ?

Concept

Le principe des connexions forcées a été inventé par Don Koberg et Jim Bagnall en 19741, sous le nom Morphological Forced Connections — soit connexions forcées morphologiques. Il a depuis été utilisé dans de nombreux contextes de design, notamment à la Nasa. C’est un protocole du Creative Problem Solving.

Il s’agit de forcer des connexions entre des idées ou des attributs en général considérés indépendamment. On guide ainsi le cerveau dans des zones où il n’est pas habitué à aller en contraignant le système 22 dans une direction.

Le protocole d’origine consiste à utiliser un tableau où en haut de chaque colonne, j’inscris une caractéristique de mon problème ou une dimension de mon design. Ensuite, sous chacun de ces éléments, j’écris en ligne toutes les variations possibles autour de ce thème. Pour finir, je prends un élément au hasard dans chaque colonne et je regarde ce que cela m’inspire.

Par exemple, une imprimante produit du texte sur du papier avec de l’encre. Je peux construire un tableau à 3 colonnes avec en haut « texte », « papier », « encre », puis décliner toutes les alternatives. Je peux ainsi tomber sur une imprimante 3D qui imprime des objets dans l’air avec du plastique, ou un objet qui imprime des gâteaux sur une plaque chaude avec de la pâte à gâteau, etc.

Réaction

Une version alternative ludique consiste à poser un sujet et tirer des cartes représentant des sujets qui n’ont rien à avoir et forcer le cerveau à faire une connexion entre les deux pour faire apparaître une nouvelle idée.

On peut par exemple utiliser un photolangage. C’est un jeu de photos qui représente des situations, des paysages, des objets et qui permet de créer un appel, une résonance, pour exprimer une idée complexe. Je m’en sers beaucoup pour provoquer des discussions autour des valeurs d’une équipe par exemple. Le jeu de société Dixit fonctionne aussi très bien, car il est constitué de cartes aux illustrations très poétiques et suffisamment riches pour déclencher des interprétations différentes chez les gens.

L’exercice du portrait chinois est aussi un bon exemple de connexions forcées. Je pars d’un sujet potentiellement très sérieux et je pose plusieurs questions successives : si X était un animal ? si X était un plat ? si X était un bâtiment ? si X était un film ? si X était une chanson ? Bien qu’en apparence enfantin, cet exercice permet d’exprimer des caractéristiques nouvelles et de créer un langage métaphorique du sujet exploré. Et comme on a pu le voir dans la Loi de Prägnanz3, les métaphores jouent un rôle essentiel dans notre construction du monde et de notre communication.

Invitation

Qu’est-ce qui serait différent si je forçais un peu plus souvent des connexions pour explorer de nouvelles zones ?

Notes & références

  1. D. Koberg et J. Bagnal, The Universal Traveler, 1974.

  2. À relire : système 1 et 2.

  3. À relire : Loi de Prägnanz.

Des entités sont référencées (en lien avec d'autres apprenti-sages à découvrir) :
cerveau (17) créativité (1) jeu (2) Don Koberg (1) Jim Bagnall (1)

Ce graph montre le sous-ensemble des apprenti-sages de l'almanach en lien avec celui-ci via :

Il permet de montrer la tentative de lecture synoptique que j'essaie d'avoir dans ma pratique.

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Comment interagir avec le graphe de dépendance ?

Réagir & partager

Je m'appelle Hugues Le Gendre et je convertis les problèmes complexes de mes clients en opportunités d'agir autement et de nous transformer (eux et moi).

L'almanach Apprenti-sage est une invitation quotidienne au développement personnel et professionnel. En partageant des théories et des pratiques, documentées précisément et mises en lien avec la vraie vie, et en posant une question importante par jour, il contribue à devenir plus conscient⸱e, s'examiner honnêtement et actualiser sa propre philosophie de vie. En tout cas, ça en a été l'effet sur moi et sur des milliers de lecteurs depuis que je publie mon journal !
Il donne aussi une idée de ce que je cherche à insuffler dans mes interventions.