Hugues Le Gendre

(note n°7 de la série soph.ia)

Dans quel sens ?

Mettre en place un double mouvement pour favoriser la transformation

Une fois qu’elle a identifié le « pour quoi » et le « pour qui »1, une organisation aura sûrement des difficultés avec le « comment ».

Et c’est normal à propos de l’IA, qui est un sujet typiquement VUCA2.

La tendance naturelle sera d’adopter une approche centralisée, par exemple :

C’est une stratégie avérée, mais elle possède quelques défauts qui sont exacerbés par la nature de la transformation que l’IA entraîne.

Comme déjà noté2, cette révolution technologique complexe est déjà accessible à tout un chacun dans son quotidien. Ainsi, des collaborateurs non spécialistes de la data science peuvent être les premiers à imaginer et à mettre en place des solutions innovantes.

Lorsque l’organisation est une DSI, la même chose arrive pour ses propres services bénéficiaires qui mènent des initiatives, nouent des partenariats, etc. Elle le voit souvent comme un scénario catastrophe dans lequel elle doit reprendre le contrôle, recentraliser, voire interdire.

Je crois plutôt que pour adresser ce sujet, émergent par nature, il est utile d’hybrider cette approche avec un deuxième mouvement fort : décentralisé.

Cela peut consister en :

Bref, passer d’une logique de contrôle à une logique d’encapacitation4. Ce qui n’empêche pas de dessiner un terrain de jeu avec des limites claires.

Cela n’empêche pas de centraliser quelques éléments afin de gagner en efficience : par exemple avec une équipe de référence qui agit comme un catalyseur pour le reste de l’organisation. Elle pourra construire et diffuser les outils nécessaires et accompagner les équipes. Mais elle doit donner envie de la solliciter, plutôt que d’imposer sa présence et ralentir la transformation. Et elle doit se remettre en question5 souvent en mesurant la valeur qu’elle apporte.

Voici donc un troisième modèle stratégique simple qui peut aider à construire une approche IA au sein d’une organisation : « centralisé/décentralisé ».

Notes & références

  1. À relire : Pour quoi ? Pour qui ?

  2. À relire : L’IA, on y va ou pas ? 2

  3. Sinon, ils vont continuer d’essayer d’utiliser leurs outils personnels, avec les risques que cela comporte.

  4. Je ne suis pas sûr que le mot existe, mais il semble être la meilleure traduction de « empowering ».

  5. Jusqu’à, peut-être, disparaître lorsque la compétence collective sera devenue suffisante.

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En grec, sophia signifie « sagesse pratique », « discernement » et « compétence ».
Cela me semble tout à fait approprié pour désigner une approche de l'intelligence artificielle qui ne perd pas de vue le bien commun et la sagesse pratique. Elle fait le contrepoids à l'approche dominante techno-enthousiaste, souvent dépourvue de recul critique et qui multiplie régulièrement les démonstrations à valeur ajoutée faible et impacts systémiques négatifs.
Car si l'IA va transformer notre monde, il me semble utile de monter collectivement en compétences sur ce que cela implique afin d'orienter au mieux la direction que prend notre société.

Je m'appelle Hugues Le Gendre et j’accompagne des décideurs et leurs organisations sur un chemin d’innovation et de transformation positives. Et ça me transforme.