(note reprise dans l'almanach : aller lire la version enrichie)
Douleur et souffrance
Elles ne sont pas la même chose et je suis responsable de l'une
J’ai cette croyance que je suis fortement responsable de ma propre souffrance1.
Ed Batista, un coach américain dont je suis les écrits a posé des mots que je trouve assez justes sur ce sujet. Il sépare douleur et souffrance et observe notre relation aux deux.
La douleur est obligatoire, mais la souffrance est optionnelle, car nous la choisissons, consciemment ou non.
La douleur accompagne nécessairement ma vie pour plusieurs raisons :
- elle me permet de rester en sécurité. Par exemple, les gens avec des mutations génétiques leur évitant de ressentir la douleur ont de gros problèmes récurrents2 : ils se cassent des os et se brûlent sans s’en rendre compte.
- elle est le reflet ma nature organique fragile, par rapport à d’autres animaux plus robustes.
- elle apparaît, car je me compare automatiquement aux autres et je me trouve inconsciemment inadéquat3. Lorsque je ne suis pas occupé par une tâche, mon cerveau passerait dans un mode par défaut où il pense automatiquement aux autres, à moi-même et mesure nos relations4. Il serait donc impossible de ne pas se comparer5.
- elle naît de la confrontation entre notre nature finie et nos besoins infinis. Notre essence humaine est paradoxale en ce sens qu’elle est à la fois animale et symbolique et que la partie symbolique est un puits de besoins6.
En contraste, je m’inflige moi-même la souffrance, en augmentant ou prolongeant la douleur. Je l’accentue de plusieurs façons :
- lorsque je n’apprends pas de mes erreurs
- lorsque je m’attache inutilement à ma permanence7
- lorsque je surestime ma zone de contrôle8
- lorsque je crois que je pourrais éviter la douleur
Cela reboucle sur des pistes concrètes que j’ai déjà croisées pour limiter la souffrance. Mais la dernière est particulièrement importante. Comme le disait le thérapeute Sheldon Kopp, notre croyance erronée que la douleur peut être soignée est cela même qui la rend insupportable.
Comme je l’ai souvent vécu — et écrit9 —, la souffrance apparaît dans l’écart entre ce qui est et ce que je voudrais qu’il soit. Et Ed Batista affine mon approche en m’indiquant qu’une partie de ça est peut-être de la douleur à laquelle je ne pourrai pas couper. Mais le reste est de ma responsabilité. Et développer une forme d’acceptation plus radicale devrait pouvoir en être une clé.
Ou comme le disait le grand Morgan Scott Peck10 :
La vie est difficile. Ceci est une grande vérité, une des plus grandes vérités. C’est une grande vérité, car une fois que nous voyons vraiment cette vérité, nous la transcendons. Une fois que nous savons vraiment que la vie est difficile, une fois que nous le comprenons et l’acceptons vraiment, la vie n’est plus difficile. Parce qu’une fois que c’est accepté, le fait que la vie est difficile n’a plus d’importance.
Notes & références
-
À relire : une version du monde ; aimer ce que l’on fait et messie. ↩
-
En lire plus sur cette famille italienne (en anglais). ↩
-
À relire : un peu moins que plus que parfait. ↩
-
Matthew Lieberman, Social : Why Our Brains Are Wired to Connect, 2013. ↩
-
Sonja Lyubomirsky, The Myths of Happiness: What Should Make You Happy, but Doesn’t, What Shouldn’t Make You Happy, but Does, 2014. ↩
-
Ernest Becker, The Denial of Death, 1974. ↩
-
À relire : changer de perception et fin du monde. ↩
-
À relire : pensées pour lui-même et ce qui dépend de toi. ↩
-
À relire : pensées pour lui-même ; fin du monde ; contraste mental et biais de positivité. ↩
-
M. S. Peck, Le chemin le moins fréquenté : Apprendre à vivre avec la vie, 1978. ↩
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