(note reprise dans l'almanach : aller lire la version enrichie)
Effet de halo
Biais cognitif -- l'appréciation d'une qualité d'une personne contamine ma perception de ses autres caractéristiques
Dans la série1 mon cerveau me joue des tours2, rubrique mes biais cognitifs, je demande l’effet de halo.
Aussi appelé le biais de contamination, cet effet décrit la perception fausse qu’on peut avoir globalement d’une personne — ou d’une marque — en raison d’une caractéristique positive.
Par exemple, on va considérer qu’une personne est plus intelligente, gentille, etc. parce qu’elle est jolie. La perception positive de sa beauté va contaminer ses autres caractéristiques, en agissant comme un halo qui déteint autour. Cela a été démontré3 dans le cadre de l’école par exemple, où les instituteurs sont biaisés. On retrouve dans cet exemple particulier l’effet déjà discuté d’esthétisme-fonctionnalité4.
D’une certaine manière, la première impression5 va perdurer et se diffuser dans les autres dimensions de perception de la personne.
L’effet de halo fonctionne en positif autant qu’en négatif. Ainsi si je suis très bien ou très mal habillé à une interview, cela va affecter la façon dont ce que je dis va être reçu par l’autre.
Dans l’entreprise, on va avoir tendance à considérer quelqu’un en costume-cravate comme étant plus nécessairement dans une position d’autorité que quelqu’un en jean. Dans le marketing, on va avoir à acheter un produit dont la publicité est faite par une célébrité. En politique, on va voter pour quelqu’un qui est jugé plus attractif physiquement et charismatique, plutôt que pour le contenu précis de son programme. En justice, être beau peut permettre de s’en sortir avec une peine allégée6. Dans le recrutement, la photo choisie sur le CV va avoir un impact.
A priori, même en étant conscient de l’effet de halo, je ne peux pas m’en prémunir7. Mais je peux essayer quelques tactiques.
Pour l’éviter chez l’autre, il faut attendre un certain temps avant d’exposer mes défauts. Sinon, je risque d’influencer durablement son jugement.
Multiplier les contacts avec l’autre et réévaluer consciemment l’opinion que je me fais de lui peut aider aussi à m’en débarrasser. Confronter mon point de vue au sujet de quelqu’un avec celui d’autres personnes est aussi important pour faire ressortir des caractéristiques que je n’avais pas forcément vues. C’est notamment important dans le recrutement.
Notes & références
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J’essaie de documenter différents biais cognitifs, une fois par semaine, un peu comme je l’avais fait pour les lois de l’UX. ↩
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Cette expression est inspirée du livre : A. Moukheiber, Votre cerveau vous joue des tours, 2019. On me l’a chaudement recommandé. Je ne l’ai pas encore lu, mais ce podcast, avec le philosophe Charles Pépin, est à écouter. Édit. : c’est maintenant fait. ↩
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M. M. Clifford et E. H. Walster, « The effect of physical attractiveness on teacher expectation », Sociology of education, 1973, 46, p 248-258. ↩
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À relire : effet d’esthétisme-fonctionnalité. ↩
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À relire : biais de confirmation. ↩
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Michael G. Efran, « The effect of physical appearance on the judgment of guilt, interpersonal attraction, and severity of recommended punishment in a simulated jury task », Journal of Research in Personality, 1974, 8 (1), p 45–54. ↩
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Richard E. Nisbett et Timothy D. Wilson, « The halo effect: Evidence for unconscious alteration of judgments. », Journal of Personality and Social Psychology, 1977, 35 (4), p 250–256. ↩
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