Hugues Le Gendre

(almanach n°117 du )

Effet Dunning-Kruger

Comment arrêter de me surestimer dans mes zones d'incompétence ?

Concept

L’effet Dunning-Kruger est un biais que nous avons au sujet de l’auto-évaluation de nos compétences.

Il postule que lorsque la maîtrise d’une compétence est assez faible, mais pas nulle, on va la surévaluer dramatiquement. Quand on va ensuite continuer de la développer, notre confiance en cette maîtrise va chuter de façon très importante avant de finir par remonter lorsque l’on devient un vrai expert.1 On passe ainsi de la montagne de la stupidité à la vallée de l’humilité avant d’atteindre le plateau de la consolidation.

Réaction

Autrement dit : les gens incompétents se surestiment.

Ça s’explique assez bien : lorsque je creuse suffisamment une question, je prends conscience de sa complexité, qui n’est pas apparente au premier regard. Toute cette nuance a tendance à me faire perdre confiance en ma compréhension. Il faut ensuite s’accrocher et continuer à l’explorer pour monter en compétence et en assurance, « mais teintée de prudence désormais. » 2

C’est un phénomène qui me gratte un peu, car il vient apporter des arguments au combat intérieur de longue date que j’ai entre généraliste et spécialiste. Je suis plutôt de la première catégorie3 et je le revendique4. Mais la prise de conscience de l’effet Dunning-Kruger me fait m’interroger sur le peu de maîtrise fine que je pourrais avoir de nombreux sujets...

C’est d’autant plus dur à détecter que pour mesurer son incompétence, il faut être compétent !

En lien avec cet effet, il y a l’ultracrépidarianisme : le comportement qui consiste à donner son avis sur des sujets à propos desquels on n’a pas de compétence crédible ou démontrée. Etienne Klein — déjà cité juste au-dessus — a écrit à ce sujet un Tract de Crise intitulé « Je ne suis pas médecin, mais je... » 5 Il y décrit le comportement, très courant au début du (premier) confinement de la COVID-19, consistant à donner son avis sur la diffusion de la maladie, sans finalement trop maîtriser le sujet.

Il y a quelque chose de bien qui ressort de cet effet tout de même : cette confiance d’incompétent peut me donner envie de creuser plus le sujet et va me faire un ancrage positif qui me permettra de passer la vallée de l’humilité que d’autres appellent, à juste titre, la vallée du désespoir.

Encore faut-il en avoir conscience et choisir de creuser encore...

Invitation

Qu’est-ce qui serait différent si j’étais plus lucide sur ma position sur la courbe de compétences en fonction des sujets qui m’occupent ?

Notes & références

  1. Voici un exemple de la courbe qui visualise ce phénomène.

  2. É. Klein, « Le Goût du vrai », Tracts, 2020, 17..

  3. On y retrouve les fameux T-shaped people avec un profil de connaissance en T : une connaissance (plus ou moins) superficielle d’un grand nombre de sujets — la barre horizontale du T — et une connaissance approfondie d’un sujet — la barre verticale du T.

  4. Ce qui n’est pas évident à vendre dans un contexte professionnel quand on est indépendant.

  5. É. Klein, « Je ne suis pas médecin, mais je... », Tracts de Crise, 2020, 25.

Une entité est référencée (en lien avec d'autres apprenti-sages à découvrir) :
biais (45)

Ce graph montre le sous-ensemble des apprenti-sages de l'almanach en lien avec celui-ci via :

Il permet de montrer la tentative de lecture synoptique que j'essaie d'avoir dans ma pratique.

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Comment interagir avec le graphe de dépendance ?

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Je m'appelle Hugues Le Gendre et je convertis les problèmes complexes de mes clients en opportunités d'agir autement et de nous transformer (eux et moi).

L'almanach Apprenti-sage est une invitation quotidienne au développement personnel et professionnel. En partageant des théories et des pratiques, documentées précisément et mises en lien avec la vraie vie, et en posant une question importante par jour, il contribue à devenir plus conscient⸱e, s'examiner honnêtement et actualiser sa propre philosophie de vie. En tout cas, ça en a été l'effet sur moi et sur des milliers de lecteurs depuis que je publie mon journal !
Il donne aussi une idée de ce que je cherche à insuffler dans mes interventions.