(note reprise dans l'almanach : aller lire la version enrichie)
Effet Pygmalion
Biais cognitif -- j'influence la performance de quelqu'un par la simple croyance que j'ai de celle-ci
Dans la série1 mon cerveau me joue des tours2, rubrique mes biais cognitifs, je demande l’effet pygmalion.
L’effet Pygmalion est une forme de prophétie autoréalisatrice : si une autorité ou mon environnement croit à ma réussite, alors mes performances vont s’améliorer. L’étiquette qui va m’être mise va m’influencer.
Il a été découvert par Rosenthal et Jacobson3, qui ont confié deux groupes de rats identiques à deux groupes d’étudiants en disant aux uns que les rats avaient été sélectionnés pour leur capacité à sortir des labyrinthes et aux autres que les rats n’étaient pas spécialement intelligents. Les étudiants ont ensuite mené des expériences avec les rats et ceux du premier groupe ont eu une bien meilleure performance avec les labyrinthes. Tout simplement parce que le premier groupe a manifesté un soin et un attachement particulier à ses rats, contrairement au second.
C’est donc un effet encore plus fort que le biais d’observation4.
On en parle ainsi dans le cas positif, alors qu’on utilise plutôt le terme effet Golem dans le cas négatif. C’est un sujet évidemment très important dans le concept de la pédagogie et de l’éducation : les éducateurs risquent d’y être soumis, par exemple dans les milieux défavorisés, et cela peut avoir un effet cumulatif avec une éventuelle carence du milieu déjà présente...
C’est d’ailleurs ce qu’ont prouvé ensuite Rosenthal et Jacobson3, dans la version positive. En indiquant faussement à des professeurs de très bons résultats à un test sur un groupe d’élèves pris au hasard, ils ont vérifié que l’année suivante, ces élèves avaient effectivement vu leur performance s’améliorer drastiquement.
À un moment de ma vie où je me pose quelques questions sur l’éducation de mes enfants — quel parent ne s’en pose pas ? — notamment dans le contexte de notre déménagement dans un village, je trouve cet apprenti-sage particulièrement éclairant. Et terrifiant, quand on voit l’importance que l’avis initial du professeur peut avoir sur le développement académique de l’enfant...
J’ai donc intérêt à voir mes enfants comme dotés d’une belle intelligence, sous toutes ses formes5, et à convaincre les enseignants de mes enfants que c’est le cas !
Mais il y a le risque opposé, soutenu par la théorie du growth mindset6, que l’enfant se repose ainsi sur ses talents sans trop se mettre dans une logique d’apprentissage.
Bref, et comme d’habitude, il n’y a pas de vérité absolue ! Et je vais devoir construire mon propre chemin... et laisser à mes enfants le soin de construire le leur, en confiance. Et pareil pour mes coachés.
Notes & références
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J’essaie de documenter différents biais cognitifs, une fois par semaine, un peu comme je l’avais fait pour les lois de l’UX. ↩
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Cette expression est inspirée du livre : A. Moukheiber, Votre cerveau vous joue des tours, 2019. On me l’a chaudement recommandé. Je ne l’ai pas encore lu, mais ce podcast, avec le philosophe Charles Pépin, est à écouter. Édit. : c’est maintenant fait. ↩
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Robert Rosenthal et Lenore Jacobson, Pygmalion in the classroom : Teacher expectation and pupils’ intellectual development, 1992. ↩ ↩2
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À relire : biais d’observation. ↩
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À relire : intelligences multiples. ↩
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