Erreur de la preuve anecdotique
Comment éviter de généraliser des cas isolés ?
Concept
Dans la série mon cerveau me joue des tours1, rubrique mes biais cognitifs, je demande l’erreur de la preuve anecdotique.
Une preuve anecdotique s’appuie sur une anecdote et a donc été recueillie de façon occasionnelle, reposant souvent sur un témoignage personnel et facilement manipulable. Elle a juridiquement une valeur assez limitée2. Elle est exacte, mais n’est pas nécessairement représentative d’une expérience typique.
Néanmoins, on fait souvent l’erreur de la considérer comme suffisante pour tirer une conclusion générale.
Réaction
Le risque est grand de soutenir une idée simplement parce que dans mon entourage, j’ai vu, ou pire on m’a rapporté, que quelqu’un qui avait tel comportement a obtenu tel effet. Le grand-père qui a vécu jusqu’à 90 ans en fumant 4 paquets par jour est une preuve que la cigarette n’est pas si nocive que ça. Des adolescents jouant à des jeux vidéos violents deviennent eux-mêmes violents donc il faut les interdire, alors même qu’on ne cite pas tous ceux qui y jouent et qui n’ont pas ce problème3. Etc.
En ces périodes de doute et en raison de la capacité de n’importe qui à prendre la parole et diffuser des idées anecdotiques auprès d’une audience toujours plus grande grâce à internet, ce biais a des conséquences importantes sur notre façon de penser.
Le cerveau a un mode d’apprentissage qu’on peut qualifier de bayésien : il se fait une idée a priori du monde, puis il collecte des preuves et met à jour son modèle a posteriori. Et souvent, il préfère fonctionner en système 1 intuitif plutôt qu’en système 2 réfléchi4. Cela lui permet de gagner du temps et de l’énergie.
Si je n’y prête pas attention, cela peut favoriser l’apparition de l’erreur de la preuve anecdotique.
D’autant plus que le cerveau réagit positivement à la familiarité : on a parlé déjà de l’effet de vérité illusoire5. Face à la familiarité, le cerveau économise de l’énergie et du temps. Si on ajoute le biais de confirmation6 dans l’équation, c’est le cocktail pour se tromper sérieusement. Je vais me faire une idée fausse sur la base d’une anecdote, idéalement familière, puis ignorer toutes instances de preuve qui auraient tendance à me contredire.
Face à ça, une seule solution : basculer systématiquement en système 2 et favoriser la preuve scientifique à la preuve anecdotique.
Invitation
Qu’est-ce qui serait différent si je ne généralisais pas des cas isolés ?
Notes & références
-
Cette expression est inspirée du titre du livre : A. Moukheiber, Votre cerveau vous joue des tours, 2019. Et de la discussion eu avec le philosophe Charles Pépin dans son podcast. ↩
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Hearsay ! objectent les avocats dans les séries judiciaires américaines... ↩
-
Donnée par Albert Moukheiber dans son livre, cité plus haut. ↩
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À relire : système 1 & 2. ↩
-
À relire : effet de vérité illusoire. ↩
-
À relire : biais de confirmation. ↩
Des
entités sont
référencées
(en lien avec d'autres apprenti-sages à découvrir) :
biais
(45)
Albert Moukheiber
(3)
bayésien
(3)
Ce graph montre le sous-ensemble des apprenti-sages de l'almanach en lien avec celui-ci via :
- une citation directe dans les notes
- un même livre de ma bibliothèque annotée
- une entité de référence commune
Il permet de montrer la tentative de lecture synoptique que j'essaie d'avoir dans ma pratique.
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