Intelligence collective
Comment activer le QI collectif, très indépendant du QI individuel ?
Concept
Mon principal métier est celui de facilitateur : je conçois et j’anime des sessions ou des programmes collaboratifs visant à la résolution collective de problèmes complexes, techniques ou humains. À la base du succès de cette sollicitation, by design, de l’intelligence collective, il y a la croyance que chacun des participants porte une partie de la solution et qu’un cadre et un processus bien posés peuvent amener à la faire émerger ensemble.
Cette croyance n’est pas nouvelle.
Euripide, plus de quatre siècles avant notre ère, écrivait :
Aucun de nous ne sait ce que nous savons tous ensemble.
Aristote, moins de cent ans plus tard, écrivait1, à propos de la politique, mais pas seulement :
Qu’il faille que la masse soit souveraine plutôt que ceux qui sont les meilleurs, mais qui sont peu nombreux, cela semblerait apporter une solution qui certes fait aussi difficulté, mais comporte aussi sans doute du vrai. Car il est possible que de nombreux individus, dont aucun n’est un homme vertueux, quand ils s’assemblent soient meilleurs que les gens dont il a été question, non pas individuellement, mais collectivement, comme les repas collectifs sont meilleurs que ceux qui sont organisés aux frais d’une seule personne. Au sein d’un grand nombre, en effet, chacun possède une part d’excellence et de prudence, et quand les gens se sont mis ensemble de même que cela donne une sorte d’homme unique aux multiples pieds, aux multiples mains et avec beaucoup d’organes des sens, de même en est-il aussi pour les qualités éthiques et intellectuelles.
C’est 24 siècles plus tard que des designers, des psychologues, des facilitateurs ont étudié et formalisé les outils et les méthodologies qui permettent cette collaboration.
Des chercheurs ont d’ailleurs récemment mis en lumière2 l’existence d’un facteur « C » d’intelligence collective mesurant la performance de groupe aux diverses tâches. Une sorte de QI collectif. Sans surprise3, pour maximiser le facteur C de l’intelligence collective, pas besoin de rassembler les plus gros QI de l’organisation : il faut de la diversité de sensibilités sociales, d’expertises et de formations, mais aussi la capacité à interagir et prendre la parole équitablement.
Réaction
L’étude est assez technique, mais elle ne fait que confirmer une intuition forte et une expérience évidente pour moi : je l’observe très régulièrement dans mon quotidien de facilitateur.
Lorsque les problèmes deviennent trop complexes, le schéma classique et pyramidal de réflexion et de décision ne fonctionne plus. Il est temps d’activer le facteur C, puis de transformer l’organisation pour le préserver.
Invitation
Qu’est-ce qui serait différent si je réveillais ou révélais le facteur C ?
Notes & références
-
Aristote, Les Politiques, III, 11. ↩
-
A. W. Woolley, C. F. Chabris, A. Pentland, N. Hashmi et T. W. Malone, « Evidence for a Collective Intelligence Factor in the Performance of Human Groups », Science, 2010, 330 (6004) : 686–688. Cité par cet article. ↩
-
À relire : projet Aristote. ↩
Des
entités sont
référencées
(en lien avec d'autres apprenti-sages à découvrir) :
décision
(44)
intelligence
(10)
performance
(8)
Ce graph montre le sous-ensemble des apprenti-sages de l'almanach en lien avec celui-ci via :
- une citation directe dans les notes
- un même livre de ma bibliothèque annotée
- une entité de référence commune
Il permet de montrer la tentative de lecture synoptique que j'essaie d'avoir dans ma pratique.
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