Jeune coach
Un syndrome fondé sur quelques croyances fausses mais séduisantes
Je n’ai jamais vraiment vécu le syndrome du jeune coach. J’ai eu la chance de pouvoir très vite coacher des gens en entreprise, grâce à la confiance d’un bon copain qui était responsable de déployer un programme de coaching ambitieux et systématique chez un de nos clients. Et depuis, je n’ai jamais vraiment été challengé sur ces sujets.
Mais je connais de nombreux coachs qui ont vécu ou à qui l’on a fait vivre ce syndrome, proche de celui de l’imposteur.
Il consiste à croire qu’un bon coach est forcément vieux et avec de nombreuses heures de coaching au compteur.
C’est une croyance limitante chez le jeune coach, mais surtout chez les prescripteurs de coachings, notamment les collaborateurs des ressources humaines.
À la lumière de mon apprenti-sage précédent sur l’instruction entre pairs1, j’avais envie de démystifier ce sujet. Ça pourra toujours faire une référence pour l’avenir...
L’erreur consiste à croire qu’un coach est une personne qui doit être assez âgée. Elle doit avoir vécu, roulé sa bosse pendant de nombreuses années afin d’acquérir l’expérience de vie nécessaire pour être en mesure d’aider ses coachés.
J’y vois une incompréhension du rôle de coach et de la pratique du coaching. Un coach est un accompagnant qui intervient principalement au niveau2 des croyances de son coaché. Il va l’aider à mettre en lumière des croyances limitantes qui l’empêchent de déployer son plein potentiel, à les questionner et à les transformer, afin d’ouvrir un nouveau champ d’action.
Si je reprends les niveaux logiques2 qui nous constituent :
- un coach n’est pas un entraineur3 qui va expliquer à son coaché ce qu’il doit faire
- un coach n’est pas un formateur qui va apprendre à son coaché de nouvelles compétences
- un coach n’est pas un mentor qui va partager son expérience personnelle pour aider son coaché
Même si un coach peut parfois adopter cette posture, elle doit être très explicite vis-à-vis du coaché, car elle teinte ce qui se joue chez ce dernier et ainsi risque d’en diminuer le pouvoir transformant.
Ainsi, le syndrome du jeune coach est pour moi le plus souvent lié à la confusion4 entre coaching et mentoring. En vrai, le coach ne « sait » pas à la place du coaché.
Quant à la nécessité d’avoir de nombreuses heures de vol pour bien coacher, je peux attester que ça n’est pas un critère déterminant de qualité. J’ai vu des coachs « expérimentés » intervenir dans des postures qui me donnaient envie de prendre mes jambes à mon cou. Et inversement, des « jeunes » coachs qui m’inspiraient énormément de confiance dans leur capacité à accompagner un changement.
Le problème est probablement que la qualité d’un coach est assez peu mesurable objectivement, sauf à interroger ses anciens clients. Les « acheteurs » de coaching doivent néanmoins trouver des métriques pour justifier leurs choix et malheureusement, cela tombe sur des critères bancals : nombre de coachés sur les 6 derniers mois, type de certification, etc.
En revanche, il est vrai qu’il y a parfois une croyance limitante chez le coaché qui consiste à croire qu’il ne pourra pas être aidé par quelqu’un de vraiment plus jeune que lui. Elle relève de la même confusion entre coaching et mentoring.
Notes & références
-
À relire : instruction entre pairs. ↩
-
À relire : niveaux logiques de la pensée. ↩ ↩2
-
Même si en anglais, les deux mots sont les mêmes. ↩
-
Pour aller plus loin sur ce qu’est vraiment le coaching, j’ai préparé une plaquette qui l’explique bien. ↩
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