La vie est-elle un jeu ?
Comment m'autoriser à changer de point de vue sur elle ?
Concept
Dans son livre Reality is Broken1, la chercheuse et conceptrice de jeux Jane McGonigal identifie quatre traits caractéristiques communs à tous les jeux :
- un but,
- des règles,
- un système de feedback,
- une participation volontaire.
Au tamis de ces caractéristiques, peut-on dire que la vie est un jeu ?
Réaction
Le but n’est pas le plus évident des quatre. Cette question a animé bon nombre de philosophes, et des gens qui ne se décrivent pas comme tels, depuis quelque temps. Au-delà des buts que je peux me fixer individuellement, y a-t-il un méta-but ? Un but qui serait commun à l’humanité. Certains diront que la survie de l’espèce en est un. Mais pour quoi faire ? Certains diront qu’il y a un grand dessein pour nous.2 Les stoïciens diront que le but de la vie est l’éthique eudémonique : vivre une vie bonne et heureuse, voire sage... Peut-être qu’il n’y a pas de but et c’est pour ça que je l’appelle le but...3 En bref, s’il n’y a pas un but, il y a probablement des buts.
Les règles sont souvent données par la société. Je pourrais probablement en supprimer un paquet et garder uniquement « si je suis mort, c’est fini ». Et encore... Ou bien « fais aux autres ce que tu voudrais qu’ils te fassent. » Bref, chacun a ses croyances et donc chacun a ses règles... Quelques-unes sont collectives, mais la majorité est finalement individuelle. Et en tout cas, il y a en fait beaucoup moins de règles que ce que je crois. Ou que ce qu’on voudrait me faire croire...
Le système de feedback est inclus dans la vie si je sais bien regarder4. Les cadeaux que nous fait la vie sont nombreux, même si certains sont mal emballés. Comme j’ai la chance d’être entouré de gens souhaitant mon bien, les feedbacks peuvent être assez directs. Sinon, je reste sur du basique — je touche le feu et j’ai mal - et je construis là-dessus — il se passe ci et je ressens ça, etc. Action-réaction.
La participation volontaire est peut-être plus complexe à traiter. Je n’ai pas le sentiment d’avoir choisi de participer. Je nais : mes parents ont choisi pour moi ma participation. Ils m’ont inscrit. Mais ce qui est sûr, c’est que si je reste spectateur, je me laisse porter vers je ne sais où. Alors que dès que je commence à vraiment participer, les opportunités apparaissent.
Et la vie devient jeu.
Ça ne veut pas dire pour autant que le jeu est toujours facile ou plaisant.
Mais le prendre comme tel rend la vie plus facile et le jeu plus amusant.
Invitation
Qu’est-ce qui serait différent si je prenais plus la vie pour un grand jeu ?
Qu’est-ce qui serait différent si j’essayais d’en comprendre les règles ? Si je trichais un peu ?
Notes & références
-
Jane McGonigal. Reality is broken : Why games make us better and how they can change the world, 2011. ↩
-
À relire : téléologie de la vie. ↩
-
C’est une référence au Soûtra du Diamant où l’on retrouve une logique paradoxale [qui] jalonne le discours du Bouddha : « X n’est pas X, par conséquent, je l’appelle X. » C’est joliment partagé par Alexandre Jollien ici. ↩
Des
entités sont
référencées
(en lien avec d'autres apprenti-sages à découvrir) :
Alexandre Jollien
(8)
Jane McGonigal
(1)
stoïcisme
(22)
Ce graph montre le sous-ensemble des apprenti-sages de l'almanach en lien avec celui-ci via :
- une citation directe dans les notes
- un même livre de ma bibliothèque annotée
- une entité de référence commune
Il permet de montrer la tentative de lecture synoptique que j'essaie d'avoir dans ma pratique.
Comment interagir avec le graphe de dépendance ?