Hugues Le Gendre

(almanach n°304 du )

L'heure de la main vide

Comment passer ce moment si important qui me terrifie ?

Concept

Je suis un fan de Christian Bobin1. C’est un écrivain-poète qui me touche. Avec des mots simples, il décrit des situations complexes et personnelles comme l’amour, la perte, l’espérance, la mort, l’intelligence2.

Dans Le Très-Bas, un magnifique livre sur François d’Assise et son chemin de développement personnel, il écrit :

On est comme ces enfants qui tendent une bille dans leur main gauche et ne lâchent prise qu’en s’étant assurés d’une monnaie d’échange dans leur main droite : on voudrait bien d’une vie nouvelle, mais sans perdre la vie ancienne. Ne pas connaître l’instant du passage, l’heure de la main vide.

Réaction

Ça me fait penser à ce que j’ai écrit il y a quelque temps sur le problème de riche3. Dans cette transition d’un chapitre à un autre d’une vie, il n’est pas rare de connaître cette heure de la main vide.

En fait, c’est souvent plus un passage qu’une transition. Il y a un moment de bascule, un moment plus ou moins long de déséquilibre. Comme un rite de passage, presque. J’ai l’impression que ce phénomène est assez commun quand on parle de transformation profonde de sa vie. Il y a une perte temporaire de repères, une heure où l’on se sent perdu. Et cette heure peut durer un peu...

C’est rassurant, en fait.

Je ne suis plus l’enfant décrit par Bobin. J’ai appris à faire confiance à la vie et à mon entourage. À ouvrir la main gauche tout en ayant la droite encore vide. Peut-être est-ce là un signe de l’âge adulte : comprendre que l’on ne peut pas faire tout — mais qu’on peut peut-être tout faire4. Ça n’est pas toujours automatique, mais j’arrive à y revenir.

Bobin va même plus loin, en écrivant ensuite :

Il devine à l’instinct que la vérité est bien plus dans le bas que dans le haut, bien plus dans le manque que dans le plein.

Pour lui, c’est le manque qui est vrai plus que le plein, c’est la position du très-bas, plutôt que du très-haut.

Invitation

Qu’est-ce qui serait différent si j’acceptais plus sereinement l’heure de la main vide ?

Notes & références

  1. C. Bobin, L'homme qui marche, 1995.
    C. Bobin, La plus que vive, 2014.
    C. Bobin, Le Très-Bas, 1997.

  2. À relire : empathie ; cette vie nous est donnée ; d’ici la mort ; intelligence ; intelligence et amour.

  3. À relire : problème de riche.

  4. À relire : tout faire ou faire tout.

Des entités sont référencées (en lien avec d'autres apprenti-sages à découvrir) :
Christian Bobin (6) mort (5)

Ce graph montre le sous-ensemble des apprenti-sages de l'almanach en lien avec celui-ci via :

Il permet de montrer la tentative de lecture synoptique que j'essaie d'avoir dans ma pratique.

Afficher :

Comment interagir avec le graphe de dépendance ?

Réagir & partager

Je m'appelle Hugues Le Gendre et je convertis les problèmes complexes de mes clients en opportunités d'agir autement et de nous transformer (eux et moi).

L'almanach Apprenti-sage est une invitation quotidienne au développement personnel et professionnel. En partageant des théories et des pratiques, documentées précisément et mises en lien avec la vraie vie, et en posant une question importante par jour, il contribue à devenir plus conscient⸱e, s'examiner honnêtement et actualiser sa propre philosophie de vie. En tout cas, ça en a été l'effet sur moi et sur des milliers de lecteurs depuis que je publie mon journal !
Il donne aussi une idée de ce que je cherche à insuffler dans mes interventions.