Hugues Le Gendre

(note n°2 de la série soph.ia)

L'IA, j'y vais ou pas ?

Tentative d'intégration d'une dissonance intérieure

Beaucoup de monde y va : amis, clients, etc.

Moi, je me suis longtemps et profondément posé la question : « L’IA, j’y vais ou pas ? »

La partie de moi qui ne veut pas y aller

Celles et ceux qui me connaissent depuis moins de 10 ans comprendront rapidement mes réserves.

Les centaines d’articles publiés sur ce site en attestent : je suis dans une quête de sens et de conscience depuis quelque temps.

En 2023, avec Pierre, nous avons monté ikivox, car nous avions besoin de mettre le bien commun au cœur de notre métier.1 Je suis aussi investi dans des initiatives2 régénératrices : AMAP, club d’escalade durable...

Et si l’on regarde l’IA honnêtement, on en relève vite les externalités négatives : consommation folle d’électricité3, usage inconsidéré d’eau4, extraction intensive5, capture technologique6, violation de la propriété intellectuelle7, impacts sur le travail8, fracture numérique9, concentration économique10, etc.

Bref, le grand écart avec la transformation positive que je souhaite accompagner teste fortement ma souplesse.

La partie de moi qui veut y aller

Celles et ceux qui ne m’ont pas recroisé depuis 10 ans auront une autre vision.

Je suis un ingénieur bien outillé11 en sciences des données et j’ai toujours maintenu une veille active : lecture de papiers de recherche, conversations avec des experts, encadrement de stages, prototypage de solutions, etc. J’ai ainsi une compréhension assez claire de ce que sont les modèles IA, leur potentiel et leurs limites.

De plus, mes expériences de créateur ou dirigeant d’entreprises tech, m’ont conféré une bonne vision à 360° des enjeux et des opportunités.

Enfin, avec ma casquette de designer stratégique, j’ai les outils pour accompagner les organisations dans les transformations annoncées.

Bref, c’est un domaine qui me passionne intellectuellement et dans lequel je peux mettre à profit mes compétences.

Et maintenant, je fais quoi ?

L’IA n’a pas attendu mon positionnement pour transformer notre société.

Observant le discours dominant — souvent techno-enthousiaste, avec un faible recul critique, multipliant les démonstrations à valeur ajoutée limitée et impacts systémiques négatifs — je ne souhaite pas qu’il soit le seul à définir notre rapport à l’IA.

C’est ce qui a fait pencher la balance : j’ai décidé d’y aller, mais avec conscience et discernement.

Ça tombe bien : j’ai des clients qui partagent cette approche. Je leur apporte une vision mesurée, ancrée dans l’expérimentation et en m’attachant à estimer les répercussions de ces changements.

Et je compte documenter ici les réflexions qui me guident dans mes choix, les apprentissages que je collecte et les essais que je mène.

Cette série #soph.ia12 détonnera avec la série #apprenti-sage13. Mais après tout, c’est aussi moi.

Notes & références

  1. Aujourd’hui, la tagline d’ikivox est « innovation & transformation positives » ; hier, elle était « design collaboratif et facilitation pour le bien commun. » Même cause.

  2. Lire plus en détails les initiatives dans lesquelles je m’investis.

  3. Certains centres de données peuvent consommer autant qu’une petite ville

  4. Le refroidissement des serveurs nécessite beaucoup d’eau

  5. La conception de serveurs nécessite de nombreuses matières premières rares (comme le cobalt, etc.), avec des conséquences sur les écosystèmes locaux

  6. Quand un modèle peut coûter 100 M$ à entraîner, la souveraineté technologique peut être hors de portée... ce qui renforce le pouvoir d’une poignée d’acteurs

  7. L’entraînement des modèles s’est souvent fait sur des données privées, sans consentement des créateurs, violant ainsi la propriété intellectuelle des auteurs

  8. C’est la dimension la plus évidente : l’automatisation des tâches intellectuelles va révolutionner le travail

  9. Le fossé numérique entre ceux qui maîtrisent ces outils et les autres risque de se renforcer

  10. Les bénéfices économiques sont concentrés entre les entreprises qui développent ces technologies avec un probable effet cumulatif

  11. Diplômé en mathématiques appliquées, passionné d’informatique depuis mes 8 ou 9 ans, dirigeant d’équipe data par le passé...

  12. À relire : Lancement de soph.ia

  13. Apprenti-sage est la longue série de notes que j’ai écrites sur le développement personnel et professionnel.

Réagir & partager

En grec, sophia signifie « sagesse pratique », « discernement » et « compétence ».
Cela me semble tout à fait approprié pour désigner une approche de l'intelligence artificielle qui ne perd pas de vue le bien commun et la sagesse pratique. Elle fait le contrepoids à l'approche dominante techno-enthousiaste, souvent dépourvue de recul critique et qui multiplie régulièrement les démonstrations à valeur ajoutée faible et impacts systémiques négatifs.
Car si l'IA va transformer notre monde, il me semble utile de monter collectivement en compétences sur ce que cela implique afin d'orienter au mieux la direction que prend notre société.

Je m'appelle Hugues Le Gendre et j’accompagne des décideurs et leurs organisations sur un chemin d’innovation et de transformation positives. Et ça me transforme.