Hugues Le Gendre

(note n°3 de la série soph.ia)

L'IA, on y va ou pas ?

Observations issues de conversations avec des décideurs

En miroir de la réflexion personnelle que j’ai menée1, je voulais documenter une observation faite en échangeant régulièrement avec des décideurs au sujet de l’IA.

J’ai détecté facilement2 3 profils :

  1. Ceux qui intègrent l’IA dans leur stratégie : ils investissent fort, car ils ont pris conscience que leur métier était soumis à un risque de disruption (p. ex. l’outsourcing de la relation client).
  2. Ceux qui y vont en parole, mais pas en actes : ils laissent mener quelques expérimentations, idéalement sans trop de soutien de dirigeants, car ils ont vu que c’est un sujet politique, mais ne sont pas encore capables de prendre de vraies décisions ni d’assumer les risques associés (p. ex., ils se sont brûlé les ailes avec le web3/blockchain ou bien ils sont un acteur public).
  3. Ceux qui n’y vont pas pour le moment : ils ne voient pas l’intérêt de l’IA pour leur organisation à court terme, ou ont d’autres préoccupations plus importantes, ou ont une vision très critique.

En revanche, tous ces décideurs reconnaissent que leurs employés ne les attendent pas. Ceux-ci utilisent les outils de l’IA pour leurs propres besoins, sans attendre d’autorisation ou d’équipement fournis par leur organisation.

C’est une des spécificités de cette révolution technologique : elle est directement accessible à tout un chacun, sans nécessiter d’investissement important ou de compétence particulière. Pour 20 $/mois, voire gratuitement, j’ai accès à des outils qui peuvent m’apporter des bénéfices significatifs3 sur certains aspects de mon travail.

Et c’est aussi une raison pour laquelle les décideurs sont si ennuyés : l’usage professionnel d’un compte personnel pose des risques industriels réels liés à l’exploitation des données.

Une autre observation que j’ai faite est que les décideurs4 ne savent souvent pas comment avancer. Est-ce que je mets en place une approche top-down ou bottom-up ? Par où est-ce que je commence ? Est-ce que je coupe les accès à mes employés ? Après la formation au prompt engineering, qu’est-ce que je fais ?

C’est normal, c’est un sujet VUCA5 ! Mais dans un contexte tel que celui-ci, la stratégie de l’autruche est rarement bénéfique. Tout comme celle qui consiste à courir dans toutes les directions comme un poulet sans tête...

Dans les articles à venir, je vais documenter des modèles simples que j’utilise pour me guider dans l’accompagnement de mes clients, des retours d’expérience de dirigeants, ainsi que des outils que j’ai pu expérimenter.

Car il s’agit, selon moi, d’avancer pas à pas, en maîtrisant les risques, mais en ne les réduisant pas à zéro...

Et toi, te reconnais-tu dans un de ces profils ?

Je partage librement mes retours d’expérience avec les décideurs qui me le demandent, pour grandir ensemble sur ces sujets. Contacte-moi si tu es intéressé·e.

Notes & références

  1. À relire : L’IA, j’y vais ou pas ?

  2. En réalité, c’est un peu plus nuancé que cela, évidemment.

  3. Je ne mentionne pas ici des externalités fortes associées, qui compensent sûrement négativement une bonne partie de cette valeur produite...

  4. Principalement ceux de la catégorie 2, mais aussi certains de la catégorie 3 qui préfèrent s’opposer parce qu’ils n’ont pas encore pris le temps de comprendre le sujet.

  5. VUCA est un acronyme en anglais pour Volatilité, Incertitude, Complexité et Ambiguïté.

Réagir & partager

En grec, sophia signifie « sagesse pratique », « discernement » et « compétence ».
Cela me semble tout à fait approprié pour désigner une approche de l'intelligence artificielle qui ne perd pas de vue le bien commun et la sagesse pratique. Elle fait le contrepoids à l'approche dominante techno-enthousiaste, souvent dépourvue de recul critique et qui multiplie régulièrement les démonstrations à valeur ajoutée faible et impacts systémiques négatifs.
Car si l'IA va transformer notre monde, il me semble utile de monter collectivement en compétences sur ce que cela implique afin d'orienter au mieux la direction que prend notre société.

Je m'appelle Hugues Le Gendre et j’accompagne des décideurs et leurs organisations sur un chemin d’innovation et de transformation positives. Et ça me transforme.