Loi de Sturgeon
Comment trier le déchet pour trouver les 10 % qui ont de la valeur ?
Concept
La loi de Sturgeon est un adage attribué à l’auteur américain de science-fiction Theodore Sturgeon qui affirme que « quatre-vingt-dix pour cent de toute chose est du déchet. » 1
Cette remarque a été inspirée par l’observation de Sturgeon que si le genre littéraire de la science-fiction était souvent moqué par les critiques pour son manque de qualité, la majorité des travaux d’autres disciplines pouvaient aussi être majoritairement de faible qualité.
Elle entre dans la lignée de cette remarque de Voltaire2 : « vous avez lu des choses bien méprisables, lui dit le sage lettré ; mais dans tous les temps, dans tous les pays et dans tous les genres, le mauvais fourmille, et le bon est rare. » Et cette autre citation de Rudyard Kipling3 : « quatre cinquièmes du travail de chacun doivent être mauvais, mais le reste en vaut la peine pour lui-même. »
Réaction
C’est ainsi une sorte de principe de Pareto4 sur la qualité, mais avec un indicateur extrême.
Au-delà des questions personnelles que cela fait naître en moi sur ce que j’écris — quels sont les 10 %, s’ils existent, qui en valent la peine ? —, je trouve cette loi assez éclairante.
Par exemple :
- je ne lis plus les sites ou les applications d’actualité, mais uniquement une newsletter quotidienne, indépendante et sans publicité5 ; pour moi, elle fait vraiment partie des 10 %.
- je ne regarde plus la télévision, mais seulement quelques films, documentaires ou séries que je choisis ; même si j’ai parfois mauvais goût, c’est un moyen pour moi de rester dans les 10 % et éviter les nanars.
- je classe les livres que j’ai envie de lire dans une application6 pour lecteurs avec notes et commentaires, afin d’essayer d’éviter les 90 %.
- je pose régulièrement aux gens la question du livre qui les a le plus marqués ou qu’ils ont le plus offert afin d’aller explorer le 10 % de l’autre.
Mais plus largement7, dans la vie, le travail, les relations, ça veut dire aussi : peut-être que je n’ai pas encore trouvé les 10 %, peut-être que je suis coincé avec les mauvais 90 % en ce moment. C’est un encouragement à continuer à aller à la découverte des choses et des gens. Je ne dois pas abandonner et continuer de chercher les bons 10 %. Si je n’apprécie pas quelque chose, c’est probablement que je n’ai pas encore trouvé les bons 10 %...
Invitation
Qu’est-ce qui serait différent si je m’obstinais plus à chercher les bons 10 % et me concentrer sur eux ?
Notes & références
-
En anglais : « ninety percent of everything is crap. » T. Sturgeon, « On Hand... Offhand: Books », Venture Science Fiction, 1957, 1 (5) : 49. ↩
-
F.-M. Arouet (Voltaire), Le monde comme il va, 1748. ↩
-
Traduction personnelle de « four-fifths of everybody’s work must be bad. But the remnant is worth the trouble for its own sake. » Issu de la nouvelle The Light That Failed, publiée en 1890. ↩
-
À relire : principe de Pareto. ↩
-
Voir ma page Goodreads ou ma bibliothèque. ↩
-
Cette réflexion est inspirée de cet article. ↩
Des
entités sont
référencées
(en lien avec d'autres apprenti-sages à découvrir) :
Theodore Sturgeon
(1)
Voltaire
(2)
Rudyard Kipling
(1)
Ce graph montre le sous-ensemble des apprenti-sages de l'almanach en lien avec celui-ci via :
- une citation directe dans les notes
- un même livre de ma bibliothèque annotée
- une entité de référence commune
Il permet de montrer la tentative de lecture synoptique que j'essaie d'avoir dans ma pratique.
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