(note reprise dans l'almanach : aller lire la version enrichie)
L'univers est en moi
Avec ces côtés lumineux, mais aussi obscurs
Il y a des gens qui ont bouleversé leur vie en peu de temps. Une exploration intérieure, parfois une rencontre, les a amenés sur un chemin nouveau, de conscience, parfois mystique... Parmi eux1, il y a Rûmî, le poète persan du XIIIe siècle.
Dans un recueil2 de ses plus beaux poèmes décrivant cette transformation, on y trouve ces mots :
Tout l’univers est contenu dans un seul être humain : toi.
Tout ce que tu vois autour de toi, y compris les choses que tu n’aimes guère, y compris les gens que tu méprises ou détestes, est présent en toi à divers degrés. Ne cherche donc pas non plus Sheitan hors de toi. Le diable n’est pas une force extraordinaire qui t’attaque du dehors. C’est une voix ordinaire en toi.
et
Si tu parviens à te connaître totalement, si tu peux affronter honnêtement et durement à la fois tes côtés sombres et tes côtés lumineux, tu arriveras à une forme suprême de conscience. Quand une personne se connaît, elle connaît Dieu.
J’aime beaucoup cette honnêteté radicale de Rûmî.
Tout ce que je vois de mal chez les autres, je l’ai aussi en moi. Ça va un cran plus loin que la paille et la poutre, car contrairement à cette métaphore, le poète persan souligne quelque chose qui crée un lien entre l’autre et moi. Chacun a ses défauts. Ils s’expriment plus ou moins, mais ils sont là chez tous, y compris chez moi.
D’ailleurs, ma capacité à les reconnaitre chez les autres provient probablement de l’intimité que j’ai avec eux, qui sont aussi nichés au creux de moi. C’est pour ça que pardonner aux autres, c’est aussi un peu me pardonner à moi3.
Le diable n’est pas un archétype extérieur : c’est simplement une partie de moi, une facette de ce que je suis. Et tout mon chemin est simplement de le reconnaitre et de l’intégrer, comme les deux loups intérieurs4.
On y retrouve des principes partagés en ce moment par Franck Lopvet5, un inspirateur qui invite à se développer personnellement d’une autre façon, en ne cherchant pas à être un être de lumière, mais en reconnaissant ses faces sombres pour les apprivoiser.
Cela m’invite à relire les relations que j’ai avec certaines personnes que je n’aime guère et me poser honnêtement la question : qu’est-ce que tout cela dit de moi ?
Notes & références
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Il y a aussi François d’Assise, déjà évoqué ici et magnifiquement raconté là : C. Bobin, Le Très-Bas, 1997. ↩
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Djalâl ad-Dîn Rûmî, Le livre de Chams de Tabriz, 1993. ↩
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À relire : pardonner, c’est se pardonner. ↩
-
À relire : les 2 loups intérieurs. ↩
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Voilà un bon podcast pour le rencontrer et connaître sa philosophie. ↩
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