(note reprise dans l'almanach : aller lire la version enrichie)
Modèle comportemental de Fogg
Notre capacité à changer ne dépend pas que de notre motivation
En 2009, Brian Jeffrey Fogg, de l’université de Stanford, propose1 un nouveau modèle de changement de comportement qui va le rendre célèbre.
Un changement de comportement apparaîtrait chez une personne lorsque 3 facteurs sont réunis en même temps :
- la motivation à mettre en place le changement
- la capacité/simplicité à mettre en place le changement
- un déclencheur
L’importance du déclencheur nécessaire dépend du couple motivation/capacité, qui réagit de façon inversement proportionnelle. Plus la motivation est élevée, moins la capacité a besoin d’être importante et vice-versa, plus la capacité est importante, moins la motivation a besoin d’être élevée.2
Chacun de ces facteurs possède des spécificités et des sous-facteurs :
- la motivation repose sur 3 types de besoins de base :
- la sensation : couple plaisir/souffrance
- l’anticipation : couple espoir/peur
- l’appartenance : couple acceptation/rejet
- la capacité/simplicité repose sur 5 ressources qui peuvent chacune être bloquantes en cas d’absence :
- temps
- argent
- effort physique
- effort mental
- routine
- le déclencheur peut être de 3 natures :
- facilitateur : il augmente la simplicité, rendant possible le changement
- étincelle : il augmente la motivation, rendant souhaitable le changement
- signal : il augmente la simplicité et la motivation en même temps
C’est un modèle très orienté : il a une intention de persuasion et a été conçu initialement pour des designers (par exemple chez Facebook). Il permet de répondre à la question « Comment pousser l’utilisateur a effectuer certaines actions dans mon produit ? » Pour l’anecdote, le labo de recherche que dirige Fogg à Stanford s’appelait initialement le Persuasive Technology Lab, avant de changer de nom pour un plus acceptable Behavior Design Lab.
Je trouve le modèle « macro » plus intéressant que les 3 sous-modèles de chacun des facteurs. Par exemple, celui de la motivation est à mon sens un peu simpliste : je lui préfère celui de l’autodétermination.3
Ce que je préfère, c’est cette relation inverse entre motivation et simplicité. On se concentre trop souvent sur la motivation pour mettre en place des changements alors que rendre le changement plus facile est aussi une bonne piste. Cela passe notamment par la construction d’un environnement personnel plus favorable au changement. Si je veux faire un régime et que j’ai un gros pot de bonbons dans la cuisine, ça n’est pas simple : l’effort mental est important pour se retenir. Et les déclencheurs sont trop présents !
Je suis extrêmement convaincu de la puissance de construire pour soi un système de vie qui est aidant pour la transformer. Ne pas simplement prendre une décision dans une direction (vive la bonne résolution !), mais avoir une approche systémique avec des boucles de rétroaction multiples permettant d’ancrer le changement dans la durée. Et l’un des aspects du système, c’est mon environnement direct.
Notes & références
-
BJ Fogg, « A behavior model for persuasive design », Proceedings of the 4th International Conference on Persuasive Technology, 2009, Article 40, p 1–7. ↩
-
Cela se traduit par une courbe en hyperbole, comme celle-ci ↩
-
Voir cet apprenti-sage. ↩
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