(note reprise dans l'almanach : aller lire la version enrichie)
Optimisation locale
La pensée systémique nous aide à ne pas nous tromper d'échelle
Lorsque l’on s’intéresse un peu à la pensée systémique — systems thinking —, on apprend vite que l’optimisation locale n’entraîne pas l’optimisation globale.
Autrement dit, améliorer la performance d’une partie du système ne se traduit pas forcément par une amélioration de la performance du système entier. Russel Ackoff, un grand nom de la pensée systémique et de la théorie de l’organisation, nous donne cet exemple1, très parlant, bien qu’un peu caricatural : « installer un moteur de Rolls-Royce dans une petite Huyndai va la rendre inutilisable. »
Ainsi, il faut adopter une vision systémique du problème pour le résoudre ou améliorer son fonctionnement.
Un corollaire intéressant de cette idée est la conviction d’Ackoff que le benchmarking — le fait de se comparer à d’autres sur de nombreux critères — n’est pas très utile. Cela revient à ne regarder qu’un seul aspect extrêmement réduit de la situation. Certes plusieurs fois, mais toujours de façon séparée. Et l’amélioration de ce critère n’a pas forcément de sens d’un point de vue global.
Le parallèle est direct avec le développement personnel. Lorsque je commence à me comparer aux autres sur un seul critère — l’argent gagné, la beauté, la culture musicale, etc. —, je vais forcément trouver quelqu’un de plus avancé que moi dans cette direction. Si je regarde successivement plusieurs aspects de ma vie, alors je vais vite me sentir bien inadéquat2...
Mais c’est oublier que je ne suis pas une somme séparée de compétences ou de qualités. Ma combinaison personnelle est unique, et certaines qualités « compensent » certains défauts — notamment parce que j’ai souvent les défauts de mes qualités. Ainsi, même si je peux envier telle partie de la vie de telle personne — ex. la richesse —, je n’en envie peut-être pas plein d’autres aspects — ex. le nombre d’heures passées au travail.
Dans ce contexte, oublier cet aspect systémique, c’est la clé pour se rendre malheureux. Il faut absolument reprendre de la hauteur et regarder le tableau en entier : la big picture.
Voire abandonner totalement l’idée de se comparer3.
Notes & références
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Repris dans cet article (en anglais). ↩
-
À relire : nos coulisses et leurs scènes. ↩
-
À relire : la mort de la joie. ↩
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