(note reprise dans l'almanach : aller lire la version enrichie)
Pauvre en temps
Six pièges qui transforment notre temps en confetti
La pauvreté en temps est un problème sérieux avec de vraies conséquences sur notre santé et celle du système dans lequel nous vivons :
- plus de stress, de risque cardiovasculaire, etc.
- moins de productivité, de bien-être, d’exercice physique, etc.
Ces effets négatifs sont principalement la conséquence que la pauvreté en temps force à faire des compromis.
Ashley Whillans1, qui a fait de nombreuses recherches sur le sujet, a recensé six grands pièges à temps :
- les interruptions de la technologie : les notifications, emails, SMS, etc. qui transforment mon temps en confetti... alors même que l’énergie et le temps nécessaires pour me concentrer à nouveau sont importants2
- trop penser à l’argent : ce qui crée la fausse croyance que lorsque j’en aurai plus, alors je pourrai libérer du temps, notamment pour mes loisirs... ce qui se révèle finalement faux
- sous-évaluer la valeur de mon temps : par exemple lorsque je décide de faire des pieds et des mains pour économiser un petit peu... ce qui ne prend jamais en compte la valeur du temps que j’ai perdu pour économiser quelques euros
- croire qu’être occupé est un symbole de statut : l’identité est de plus en plus liée au travail, et le fait d’être toujours occupé (buzyness), sans trop de loisirs est devenu une fierté3
- fuir l’oisiveté : alors même qu’il est prouvé que c’est bon pour nous, nous avons une aversion à l’oisiveté... à tel point que certains préfèrent même se prendre un peu de courant électrique4 !
- croire qu’on aura plus de temps demain : alors que le meilleur prédicteur de notre taux d’occupation dans le futur est notre taux d’occupation aujourd’hui... au point d’accepter des choses que nous ne voudrions pas vraiment faire, simplement parce qu’elles sont dans quelques semaines5
Ces éléments sont des pièges en ce qu’ils nous rendent malheureux en nous volant du temps que nous pourrions utiliser pour être plus heureux.
Chaque personne est plus ou moins sensible à chacun de ces points. J’ai essayé de travailler sur ces pièges depuis quelques années, et je pense m’être libéré de certains. Mais le n° 3, le n° 6, et encore trop le n° 1, restent sujets à amélioration.
Enfin, il faut aussi changer son rapport au temps : le prendre plutôt que le trouver, voire même se le donner...6
Notes & références
-
Ashley Whillans, Time smart : how to reclaim your time and live a happier life, 2020. Ou bien son TEDTalk ↩
-
Sophie Leroy et Aaron Schmidt, The effect of regulatory focus on attention residue and performance during interruptions. Organizational Behavior and Human Decision Processes, 137, 2016, p218–235. ↩
-
Silvia Bellezza, Neeru Paharia et Anat Keinan, Conspicuous Consumption of Time : When Busyness and Lack of Leisure Time Become a Status Symbol, Journal of Consumer Research, Volume 44, Issue 1, June 2017, p118–138. ↩
-
Timothy Wilson, David Reinhard, Erin Westgate, Daniel Gilbert, Nicole Ellerbeck, Cheryl Hahn, Casey Brown et Adi Shaked, Just think: The challenges of the disengaged mind. Science, 345(6192), 2014, p75–77. ↩
-
Voir l’apprenti-sage sur le filtre d’immédiateté. ↩
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