(note reprise dans l'almanach : aller lire la version enrichie)
Plaisirs catastématiques
La classification épicurienne des plaisirs nous invite à la relecture de notre vie
Après les stoïciens1, je propose un petit stop rapide chez Épicure... Et après, j’arrête un peu avec la philosophie antique !
Je ne connais pas très bien Épicure.2 Même si j’ai eu une attirance naturelle pour les stoïciens, je les trouve un peu trop ascètes, et leur philosophie d’équanimité — considérer toutes les choses de la vie de façon égale — est un peu déshumanisante.
Un sujet intéressant chez Épicure est sa vision des plaisirs. Quand on parle de plaisirs épicuriens, on a souvent une image fausse de sa pensée : démesure, ivresse, orgie, etc. Les stoïciens n’y étaient pas pour rien : derrière leur recherche de vertu, ils ont beaucoup critiqué Épicure.
En fait, Épicure sépare clairement deux types de plaisirs :
- les plaisirs cinétiques : ils sont dynamiques et nous les poursuivons sans cesse, car ils ne sont jamais rassasiés
- les plaisirs catastématiques : ils sont statiques3 et peuvent devenir une routine ; il y en a trois sous-types :
- les plaisirs naturels et nécessaires : boire quand on a soif, manger quand on a faim, dormir quand on est fatigué
- les plaisirs naturels, mais non nécessaires : boire du bon vin, manger un repas spécialement raffiné, faire la grasse matinée
- les plaisirs ni naturels ni nécessaires : ivresse, orgies diverses — ceux qu’on lui a attribués à tort
Le lien que Épicure fait entre le plaisir et l’habitude est intéressant, car on a tendance à dire : de l’habitude naît l’ennui. Alors que pour lui, un plaisir sain et routinier est le Graal !
Épicure est un peu dur en affaire et souhaite que nous nous concentrions uniquement sur les plaisirs catastématiques naturels et nécessaires !
Sans pour autant le suivre au pied de la lettre, on peut déjà essayer de supprimer les plaisirs cinétiques. Ce sont ceux qui nous font souffrir le plus : ils entretiennent une forme de désir perpétuel et malsain...
On peut aussi essayer de réduire les plaisirs catastématiques ni naturels ni nécessaires. On touche au sujet de l’envie vs le besoin et chaque personne définit pour lui-même la position du curseur... Le but n’est pas de se rendre malheureux, mais plutôt de créer un peu d’espace de conscience dans ce qu’on fait.
Ainsi, vu comme ça, Épicure nous invite à faire une petite relecture de nos plaisirs actuels, à essayer de les positionner dans cette grille de lecture et à prendre un petit temps pour se demander si on est content de ça ou bien si on voudrait changer un peu notre approche de la vie.
Notes & références
-
J’ai pu exposer leur philosophie à travers les pensées de Marc Aurèle. ↩
-
Cet apprenti-sage est basé notamment sur un article de Philosophie Magazine, partagé par mon copain Didier. ↩
-
Par statique, Épicure entend finalement : qui ne nous emmène pas dans des directions différentes tout le temps. ↩
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