(note reprise dans l'almanach : aller lire la version enrichie)
Positions de vie
Quatre façons de vivre ma relation à l'autre
L’analyse transactionnelle (AT) est une théorie1 psychologique créée dans les années 60-70 par le psychiatre et psychanalyste Éric Berne. Elle éclaire notre fonctionnement notamment vis-à-vis des autres. Un des sujets très intéressants2 qu’elle propose est celui des positions de vie.
Si on s’intéresse à la valeur que j’accorde à moi-même ou à l’autre, on peut décrire — à l’extrême, car ça reste un modèle :
- la position positive : on l’appelle « OK » et on la note « + »
- la position négative : on l’appelle « Pas OK » et on la note « - »
En combinant les 2, on peut ainsi capturer, dans la relation avec quelqu’un d’autre, la façon dont je nous considère. Ça donne 4 positions de vie :
- Je ne suis pas OK / tu n’es pas OK (-/-)
C’est une position de démission, dans laquelle je pourrais dire « on ne va jamais s’en sortir » - Je ne suis pas OK / tu es OK (-/+)
C’est une position de soumission, dans laquelle je pourrais dire « c’est moi, je suis trop bête » - Je suis OK / tu n’es pas OK (+/-)
C’est une position de domination, dans laquelle je pourrais dire « tu n’as vraiment rien compris » - Je suis OK / tu es OK (+/+) C’est une position de coopération, dans laquelle je pourrais dire « nous allons trouver une solution »
On peut adopter différentes positions de vie en fonction du contexte et des gens qui sont face à nous. Mais on peut aussi avoir une tendance naturelle à une position de vie qu’on pourrait qualifier d’existentielle. Dans ce cas, je généralise le « tu » à « n’importe qui » ou « le monde. »
On voit tout de suite que trois positions sur quatre ne sont pas saines, elles peuvent mener au retrait de la vie, à la dépression, à la jalousie ou à l’arrogance. Elles sont aussi un impact direct sur l’autre : si je rentre dans une relation en +/-, je vais avoir tendance à mettre l’autre en -/+, ce qu’il va pouvoir accepter ou pas — et là on tombe dans les jeux psychologiques que décrit3 très bien Éric Berne.
La dernière est saine et adulte. Elle est notamment celle dans laquelle je me dis : « ce que tu as, ce que tu es, ne m’enlève rien. » Il y a de la parité entre nous.
Ce sujet de parité est primordial, à mon sens. J’entends souvent des coachs ou des facilitateurs dire qu’il faut se mettre en posture basse et ils donnent parfois l’exemple du servant leadership4. Et ça, honnêtement, je ne le comprends pas. Pourquoi vouloir me mettre en dessous de l’autre plutôt qu’à son niveau ? Pourquoi chercher à lui donner plus de valeur qu’à moi-même ? Ça va peut-être paraître cynique, mais je ne vois au fond qu’une seule explication : pouvoir dire qu’on se met consciemment en dessous. C’est-à-dire masquer une posture haute (+/-) derrière une posture basse !
Chez moi, la relation dans laquelle je trouve que la parité est le moins respectée est celle vis-à-vis de mes enfants. Bizarrement, nos enfants sont parfois les seuls êtres humains que l’on traite différemment. Il arrive que je m’énerve fortement sur eux, ce qui n’est pas le cas avec d’autres adultes, je leur impose parfois plus de choses que de raison. Je ne dis pas qu’il ne faut pas mettre un cadre à leur développement, mais si je ne fais pas attention, je peux avoir tendance à mettre ce cadre d’une façon +/- alors que je pourrais aussi bien le faire en +/+.
C’est l’endroit de ma vie où j’essaie de mettre le plus de conscience dans l’instant, afin d’éviter de faire une erreur de posture. Et honnêtement, ça n’est vraiment pas toujours facile.
Notes & références
-
Un bon petit livre pour commencer : R. de Lassus, L'analyse transactionnelle: une méthode révolutionnaire pour bien se connaître et mieux communiquer, 2013. ↩
-
J’aborderai probablement d’autres aspects de cette théorie, comme les « états du moi » ou les « transactions » ou le « triangle de Karpman » dans de prochains apprenti-sages. ↩
-
Eric Berne, Games people play, 1964. ↩
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C’est une belle théorie moderne où le leader se met au service de son environnement, de ses collaborateurs. ↩
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