(note reprise dans l'almanach : aller lire la version enrichie)
Problème de riche
Quand le développement personnel secoue ma petite pyramide
Je suis depuis quelques années dans une quête spirituelle, dans une exploration de moi-même, dans une recherche de sens et de contribution1. Ces écrits en sont une facette, une partie émergée, mais cela va évidemment plus loin. Et je baigne un peu dedans : une partie de mon entourage est aussi sur ce chemin, j’ai quelques bons copains coachs, je connais beaucoup de gens qui font ou ont fait une thérapie...
Mais si je prends deux secondes de la hauteur sur ce sujet du développement personnel, je me dis que c’est principalement un problème de riche2.
La réalisation de soi, c’est le dernier étage de la pyramide d’Abraham Maslow. Selon sa théorie, je ne m’y intéresse que lorsque tous les autres étages sont nourris, dans l’ordre : physiologiques, sécurité, appartenance et estime.
Ces niveaux-là étant solidement posés, alors je m’intéresse à mon accomplissement personnel. Et finalement, je ne vois plus que ça. Tous mes sujets s’y rapportent : du job que je fais qui ne nourrit pas assez mon âme, aux relations que j’entretiens, à ma place dans un système plus grand, etc. D’une certaine manière, même mon appétence pour le minimalisme, est un sujet de riche : je choisis de me concentrer sur l’important à mes yeux, en sachant très bien que l’encore plus important — les niveaux du dessous — est toujours bien chaudement sécurisé...
Ce qui est amusant, mais en fait très déstabilisant, c’est que la quête du haut de la pyramide peut saper le bas.
Je l’ai observé en moi et autour de moi de nombreuses fois. Par exemple, je connais beaucoup de gens qui ont quitté un bon poste, bien payé dans une entreprise, certes pas très alignée avec leurs valeurs, pour se lancer à leur compte, par exemple en voulant devenir coach. Cela répondait à un appel profond pour eux, une quête de sens très spirituelle avec des conséquences très pratiques. Cette recherche de résonance les a amenés à quitter leur confort et leur sécurité pour aller chercher leur épanouissement et leur liberté.
Et bien, ce voyage n’est souvent pas un long fleuve tranquille !
Il peut aller jusqu’à remettre en cause pas mal d’étages de la pyramide :
- l’estime : je repars à zéro dans une nouvelle activité et je peux me sentir inadéquat et très perfectible — sauf effet Dunning-Kruger3
- l’appartenance : ce voyage du héros4 m’éloigne souvent de ma communauté d’origine et même si j’en trouve un autre je peux me sentir déraciné et seul
- la sécurité : tous ces changements déstabilisent complètement mon environnement, peuvent créer de l’anxiété5, surtout lorsque la temporalité coïncide avec une crise sanitaire et économique inédite
- la physiologie : le fait de repartir sur un nouveau chemin peut entrainer un choc financier personnel, qui implique de déménager dans une surface plus petite, de faire plus attention à ce que je mange, qui m’empêche de bien dormir, etc.
Dans une certaine mesure, j’ai vécu une grande partie de ces chocs, et je ne suis pas le seul. J’ai l’impression que c’est même plutôt la norme sur une population qui décide de mettre vraiment plus de sens dans sa vie et lâcher ce qu’elle considère être le monde d’avant ou la personne qu’elle était.
Même si une partie du problème est évidemment liée à la relation que l’on crée au problème, le fait est qu’un bon tremblement de terre assaille ma petite pyramide.
Simplement parce que j’ai décidé de mieux l’accrocher en haut.
Je suis convaincu que cette démarche est belle et enrichissante et que le monde n’aurait vraiment pas la même tête si plus de gens prenaient ce chemin. Mais franchement, ça secoue.
Notes & références
-
À relire : l’humilité de la mission. ↩
-
À relire : biais des survivants. ↩
-
À relire : effet Dunning-Kruger. ↩
-
C’est une notion que je développerai plus à l’avenir qui décrit les grandes étapes archétypales d’un voyage de transformation intérieure ↩
-
À relire : résilience. ↩
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