Quantité et qualité
Comment obtenir plus facilement la perfection ?
Concept
Les auteurs du livre Art & fear1 partagent une histoire intéressante :
Le professeur de céramique annonça le jour du premier cours qu’il allait diviser la classe en deux groupes. Ceux installés du côté gauche de l’atelier seraient évalués simplement sur la quantité d’œuvres qu’ils produiraient, tandis que ceux installés à droite le seraient sur la qualité.
Sa procédure serait très simple : le dernier jour de classe, il apporterait sa balance de salle de bain et il pèserait le travail du groupe quantité. Un poids de 25 kg de vases donnerait un « A », 20 kg un « B », etc. Ceux du groupe qualité devraient en revanche produire un seul vase chacun. Un vase parfait donnerait un « A ».
À la fin de la période, quelque chose de curieux apparut : les œuvres de meilleure qualité étaient toutes produites par le groupe qui était évalué sur la quantité. Il se trouve que pendant que le groupe quantité s’occupait à produire de nombreux vases — et à apprendre de leurs erreurs — le groupe qualité s’était arrêté longtemps à théoriser sur la perfection, et, finalement, n’avait pas grand-chose d’autre à présenter que des théories grandioses et un tas d’argile morte.
Réaction
C’est probablement une fable, mais je crois assez profondément à ce qu’elle cherche à prouver.
C’est un rappel régulier pour moi, car j’adore la théorisation d’un sujet : elle nourrit mon côté très cérébral. Néanmoins, elle me fait peu avancer. Le nombre de projets que j’ai lancés dans ma tête, mais seulement dans ma tête !
Cette fable est donc un bon coup de pied aux fesses. Non seulement la meilleure façon de faire quelque chose est de le faire. Mais encore, la meilleure façon d’apprendre quelque chose est de le faire. Et encore plus, la meilleure façon de faire quelque chose bien est de le faire beaucoup.
Ou des approches itératives : si je veux faire une chose très bien, je commence par la faire. Et je construis des boucles de rétroaction me permettant de l’améliorer constamment. Ainsi, même sur un seul artefact, je peux avoir une approche quantité afin d’obtenir finalement de la qualité.
C’est d’ailleurs un principe que j’ai retenu pour « apprenti-sage ». Je choisis d’écrire très régulièrement des articles assez courts, rédigés le matin en 45 minutes. Si j’avais choisi d’écrire plus rarement un article très long et très travaillé, je pense que je n’aurais pas écrit l’équivalent de deux gros romans. La qualité est perfectible, mais au moins je suis dans l’action.
Et je fais de nombreux apprentissages au passage : découvrir un style d’écriture qui me va bien, faire des liens entre des idées, déclencher des conversations avec des gens, etc.
Invitation
Qu’est-ce qui serait différent si je cherchais un peu plus la quantité ?
Notes & références
-
D. Bayles et T. Orland, Art & fear : observations on the perils (and rewards) of artmaking, 1993. ↩
Des
entités sont
référencées
(en lien avec d'autres apprenti-sages à découvrir) :
David Bayles
(1)
Ted Orland
(1)
Ce graph montre le sous-ensemble des apprenti-sages de l'almanach en lien avec celui-ci via :
- une citation directe dans les notes
- un même livre de ma bibliothèque annotée
- une entité de référence commune
Il permet de montrer la tentative de lecture synoptique que j'essaie d'avoir dans ma pratique.
Comment interagir avec le graphe de dépendance ?