Hugues Le Gendre

(almanach n°89 du )

Règle du pic-fin

Comment éviter de terminer en queue de poisson ?

Concept

J’aime transposer des concepts à des contextes très différents de leur origine pour en générer des apprentissages nouveaux. Les lois du design d’expérience utilisateur sont un bon vivier à adapter au développement personnel et professionnel.

Voici1 la règle du pic-fin, qui dit2 :

Les gens ont tendance à juger une expérience principalement par leur ressenti à son pic et à sa fin, plutôt que par l’ensemble des ressentis tout du long.

Réaction

C’est un peu le complémentaire de la première impression que l’on retient d’une personne, appliquée à une expérience.

Dans mon contexte, ça me fait penser à une erreur que j’essaie d’éviter, mais que je fais encore trop souvent : terminer trop rapidement une conversation. Que ce soit au téléphone, un atelier de travail, ou encore un coaching, il est primordial de garder du temps à la fin pour terminer proprement.

Ce problème est renforcé par le fait que le travail structure notre agenda en créneaux et qu’on passe d’une réunion à une autre, d’une conversation à une autre. Leur fin est ainsi définie arbitrairement, à la fin du créneau dévolu, plutôt que basée sur le contenu, car on a fini de se dire ce que l’on avait à se dire.

C’est d’autant plus complexe que la loi de Parkinson3 nous pousse justement à définir des créneaux arbitraires et courts...

Tout ceci est renforcé par les réunions à distance : on perd même le temps de trajet entre deux salles de réunions en se téléportant de l’une à l’autre, sans pause. Il manque ainsi ce mini-temps où je peux clôturer proprement une discussion.

Je dois prendre soin de garder un œil sur la montre, si le temps est compté, afin de prendre un petit moment à la fin pour intégrer ce qu’on a appris, voire ce qu’on a ressenti — et donc ramener le pic à la fin —, souvent définir une prochaine étape et faire preuve de gratitude pour le moment passé.

On appelle ça un moment de réflexivité ou check-out. Et une rencontre avec réflexivité laisse une tout autre expérience qu’une rencontre sans.

Même si ça prend du temps, ça a un pouvoir énorme dans un contexte d’équipe, par exemple à l’occasion d’un coaching, car ça va permettre d’ancrer chez chacun quelque chose.

Invitation

Qu’est-ce qui serait différent si je donnais plus de soin à la clôture d’une interaction ?

Notes & références

  1. Ceci est l’entrée 14 sur le thème de la transposition des lois de l’UX.

  2. Traduction personnelle de la loi décrite ici. Issue de : B. Fredrickson et D. Kahnema, « Duration neglect in retrospective evaluations of affective episodes », Journal of Personality and Social Psychology, 1993, 65 (1) : 45–55.

  3. À relire : loi de Parkinson.

Des entités sont référencées (en lien avec d'autres apprenti-sages à découvrir) :
loi de l'UX (19) rituel (17)

Ce graph montre le sous-ensemble des apprenti-sages de l'almanach en lien avec celui-ci via :

Il permet de montrer la tentative de lecture synoptique que j'essaie d'avoir dans ma pratique.

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Comment interagir avec le graphe de dépendance ?

Réagir & partager

Je m'appelle Hugues Le Gendre et je convertis les problèmes complexes de mes clients en opportunités d'agir autement et de nous transformer (eux et moi).

L'almanach Apprenti-sage est une invitation quotidienne au développement personnel et professionnel. En partageant des théories et des pratiques, documentées précisément et mises en lien avec la vraie vie, et en posant une question importante par jour, il contribue à devenir plus conscient⸱e, s'examiner honnêtement et actualiser sa propre philosophie de vie. En tout cas, ça en a été l'effet sur moi et sur des milliers de lecteurs depuis que je publie mon journal !
Il donne aussi une idée de ce que je cherche à insuffler dans mes interventions.