(note reprise dans l'almanach : aller lire la version enrichie)
Réussir
"Réussir, ce n'est pas toujours ce qu'on croit"
On attribue1 à la grande actrice Romy Shneider cette belle définition de la réussite :
Réussir, ce n’est pas toujours ce qu’on croit.
Ce n’est pas devenir célèbre, ni riche ou encore puissant.
Réussir, c’est sortir de son lit le matin et être heureux de ce qu’on va faire durant la journée, si heureux qu’on a l’impression de s’envoler.
C’est travailler avec des gens qu’on aime.
Réussir, c’est être en contact avec le monde et communiquer sa passion.
C’est se coucher le soir en se disant qu’on a fait du mieux qu’on a pu.
Réussir, c’est connaître la joie, la liberté, l’amitié et l’amour.
Je dirais que réussir, c’est Aimer...
Le sujet de la réussite et de l’ambition est un sujet qui revient souvent en moi et autour de moi. Une partie de mon éducation — grandes écoles —, de mon début de carrière professionnelle et certaines de mes relations a eu tendance à me conditionner vers un modèle de réussite traditionnelle, soutenu par une ambition (en général) saine.
Ou bien peut-être que le conditionnement était dans l’autre sens.
J’ai beaucoup travaillé, ces dernières années, à prendre du recul sur ça, à essayer de relativiser ce que je voulais de la vie (et ce qu’elle voulait de moi), à tenter de sortir mon égo de ce sujet, accepter un regard un peu différent de la part des autres et surtout lâcher prise sur l’autre version du monde dans laquelle2 j’ai un gros poste dans une belle boîte et je gagne, au passage, très bien ma vie.
Il y a presque 6 ans, à un moment clé de ma vie où j’ai perdu mon père, mais aussi accueilli mon premier enfant, j’ai fait le choix de l’indépendance. J’avais déjà eu des expériences entrepreneuriales, mais ce coup-ci, je voulais démarrer seul et construire quelque chose à mon image.
Au-delà du besoin de liberté, évidemment présente, je crois que je cherchais surtout de la légèreté. Ne pas porter une charge trop lourde, pour avancer léger...
Aujourd’hui, je ne dirais pas que tous les jours sont 100 % légers — le climat actuel n’est pas le plus propice à l’indépendance — mais je ne me plains pas.
Je me lève, heureux, de ce que je vais faire, notamment ce petit rituel d’écriture du matin.
Je travaille avec des gens que j’aime.
Je suis (un peu) en contact avec le monde3, et en tout cas je communique ma passion, ici.
Je me couche le soir sans regret.4
Je connais la joie, la liberté, l’amitié et l’amour.
Et j’aime.5
En écrivant cet apprenti-sage, je prends conscience, à nouveau, de la chance que j’ai.
Mon égo me titille encore régulièrement en me faisant miroiter toute la réussite à côté de laquelle je passe, en me questionnant sur le fait que peut-être je relâche beaucoup plus que je ne tire.6 Mais je lui donne tendrement quelques os à ronger pour l’occuper — les clients que j’ai pu signer, mon appartement ensoleillé, etc.
Car, au fond, je suis comblé et j’ai déjà réussi, au moins au sens de Romy.
Notes & références
-
Elle a été partagée avec moi indirectement par deux lectrices d’apprenti-sage et elle est citée par beaucoup de monde, mais je n’ai pas réussi à en trouver la source précise. Il n’est pas exclu qu’elle soit apocryphe, ce qui n’enlève rien au fond, mais m’empêchera de faire une lecture comparée avec la réussite de l’actrice. ↩
-
Voir cet exercice intellectuel ↩
-
Je reste un introverti qui peut passer des semaines sans trop voir de monde. ↩
-
J’essaie de faire de mon mieux et de servir. ↩
-
Notamment au sens donné par M. Scott Peck : « c’est la volonté de se dépasser dans le but de nourrir sa propre évolution spirituelle ou celle de quelqu’un d’autre » dans son livre exceptionnel : M. S. Peck, Le chemin le moins fréquenté : Apprendre à vivre avec la vie, 1978. J’en ai parlé au sujet de pour quoi j’écris et d’aimer ce que l’on fait. ↩
-
La grande question de ma vie, quand s’acharner et quand laisser tomber ? ↩
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