(note reprise dans l'almanach : aller lire la version enrichie)
Somesthésie
Notre sixième sens ?
Juste avant1, j’ai évoqué les différences entre sensation, émotion et sentiment.
Au passage, j’ai découvert2 quelque chose d’intéressant : on a plus que cinq sens ! Au-delà de la vue, l’odorat, l’ouïe, le goût et le toucher qu’on apprend dès la maternelle, et sans rentrer dans l’ésotérisme, il y a un sens que l’on oublie souvent.
Pourtant, il est primordial : c’est celui qui nous permet par exemple de nous maintenir en équilibre ou de courir. On l’appelle la somesthésie ou la sensibilité du corps.
Il est associé à trois types de sensations3 :
- la proprioception : c’est la sensation de position dans l’espace des segments de notre corps. Elle est obtenue grâce aux corpuscules de Pacini, des mécanorécepteurs nichés dans nos tendons, nos muscles et nos articulations,
- l’intéroception mécanique : c’est un ensemble de sensations internes mécaniques, de pression ou de douleur — on parle de nociception pour cette dernière. Elles sont obtenues par de multiples récepteurs dans les viscères et les vaisseaux sanguins,
- l’intéroception chimique : ce sont des sensations liées à la pression osmotique, la variation du glucose ou encore d’oxygène et de carbone.
Une zone de notre cerveau bien particulière est dédiée au traitement des informations somesthésiques4 : le cortex somatosensoriel. A priori, c’est le premier sens à se mettre en place dans le développement du fœtus...
Tout ça me fait dire plusieurs choses.
C’est toujours épatant de voir qu’une information fausse — « nos cinq sens sont la vue, l’odorat, l’ouïe, le goût et le toucher » —, ou au moins très approximative, est une croyance très répandue. Alors qu’on a fait ces découvertes depuis longtemps, ma fille en maternelle vient d’apprendre exactement ça.
Lorsque j’ai entendu parler de la somesthésie, ma première tendance a été de me dire : « tout ça fait probablement partie du toucher qui a été très mal nommé... » C’est-à-dire que j’ai commencé par essayer de me convaincre que ma croyance existante était vraie ! Mon cerveau n’aime pas trop la contradiction mais il a du se rendre à l’évidence. Au minimum, si on veut rester sur cinq sens, il faut admettre que les sixièmes sens mentionnés ci-dessus ne font pas partie du toucher, que c’est plutôt le contraire.
Je trouve ça dommage qu’on ne mette pas plus en valeur une certaine sensibilité du corps qui va bien au-delà du toucher. En coaching, j’invite souvent le coaché à s’associer à une situation passée. Afin de bien ressentir le moment, je prends le temps de le faire explorer l’ensemble de ses sensations — on les appelle sous modalités du VAKOG5. Elles sont toutes importantes, car chacun d’entre nous donne une importance relative à chacune.
Je pense qu’une raison pour laquelle on réduit la somesthésie au toucher est que ces nouvelles sensations sont majoritairement inconscientes. Et peut-être qu’à ce titre, elles ne méritent pas d’être citées...
Pour finir, je crois qu’un petit exercice de prise de conscience profonde de la richesse de nos sensations peut faire du bien pour essayer de les intégrer plus consciemment.
Notes & références
-
Voir cet apprenti-sage. ↩
-
C’est Albert Moukheiber, le neuroscientifique dont j’ai déjà parlé, qui a évoqué ce sujet dans un épisode du podcast Charles Pépin : une philosophie pratique. ↩
-
Source : Vocabulaire médical ↩
-
Source : Ça m’intéresse. ↩
-
Le VAKOG est un acronyme dont j’ai parlé à propos de la loi de Miller : visuel, auditif, kinesthésique, olfactif et gustatif. On n’utilise d’ailleurs pas le terme « toucher » afin d’englober plus largement les sens somesthésiques ! ↩
Réagir & partager
- Participe à la conversation ou à son écho sur LinkedIn !
- Temps de lecture : 3 minutes
- Pour te poser une sage question chaque matin :