(note reprise dans l'almanach : aller lire la version enrichie)
Stratégies de survie
Mes réactions primitives face au danger
Face à un danger immédiat, mon cerveau et mon corps ont tendance à réagir de façon instinctive selon trois scénarios :
- se battre — fight — : je vais attaquer la source du danger
- fuire — flight — : je vais tenter d’échapper au danger
- se figer — freeze — : je suis complètement inhibé et je ne peux pas réagir, en pratique je fais le mort en espérant que ça passe
Ces stratégies de survie sont animales. Elles sont issues d’un moment lointain dans l’évolution où nous avons dû les développer pour survivre face à nos prédateurs. À l’époque où nous étions des chasseurs-cueilleurs, croiser des dangers mortels, comme un tigre ou un serpent, était assez courant. J’existe aujourd’hui1, donc je suis un descendant d’un être qui a dû les apprendre et les ancrer profondément dans son système 12 pour avoir une chance de s’en sortir.
Les deux premières ont été citées en premier par le psychologue Walter Cannon3, puis raffinées ensuite. Certains en citent d’ailleurs une quatrième : se soumettre ou fawn4.
On a assez bien compris le fonctionnement neurologique5 à la source de ces réponses. L’amygdale, qui est plutôt6 responsable de notre peur, va activer l’hypothalamus et qui mettre en action le système sympathique7 et déclencher la sécrétion d’adrénaline et d’épinéphrine afin de préparer mon corps : augmentation du rythme cardiaque, arrêt de la digestion et redirection du sang vers les muscles du squelette. Au passage, mes sens deviennent plus affinés.
Le problème est que notre environnement a évolué beaucoup plus vite que notre cerveau. Le pas de temps de l’évolution sociale — la civilisation — est beaucoup plus court que celui de l’évolution biologique, de plusieurs ordres de grandeur... Et aujourd’hui, alors même que les dangers mortels sont beaucoup moins courants — hormis en zone de guerre par exemple —, mon cerveau fonctionne toujours ainsi et me fait surréagir aux menaces que je perçois comme telles.
Ainsi, je vais devenir agressif en réunion lors d’une discussion importante, rejeter la faute sur quelqu’un d’autre — la meilleure défense, c’est l’attaque —, laisser couler en faisant semblant de ne pas avoir été touché. C’est plus rare de se figer aujourd’hui, car c’est une stratégie finalement assez peu efficace face à un animal intelligent.
Comme on parle de système 1, la solution tient encore une fois à apprendre à basculer en système 2 plus souvent. À prendre du recul sur mon comportement, d’abord a posteriori puis idéalement en direct, afin de juger honnêtement de la pertinence et de la mesure de ma réaction. Et ça passe par la prise de conscience fine du véritable niveau de danger que je subis.
Notes & références
-
À relire : biais des survivants. ↩
-
À relire : système 1, système 2. ↩
-
Walter Cannon, Bodily changes in pain, hunger, fear and rage, 1915. ↩
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Ils sont forts les Américains pour trouver des noms qui marquent : fight, flight, freeze, fawn. ↩
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Lire cet article sur le sujet (en anglais). ↩
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À relire : mythes sur le cerveau. ↩
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À relire : cohérence cardiaque. ↩
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