(note reprise dans l'almanach : aller lire la version enrichie)
Sympatheia
Toutes les choses de l'univers sont interconnectées et interdépendantes
La sympatheia est l’idée stoïcienne que toutes les choses de l’univers sont interconnectées et interdépendantes. C’est un mot grec qui signifie co-affection.
Marc Aurèle invite1 à « méditer souvent sur l’interconnexion et l’interdépendance mutuelle de toutes les choses de l’univers. » Il écrit aussi « ce qui est mauvais pour la ruche est mauvais pour l’abeille. »
Les stoïciens ont ainsi une vision unifiée de tous : nous faisons tous partie d’un même organisme plus grand, nous en partageons la même substance. Nous sommes séparés et nous sommes unis à la fois. Ainsi, ça a du sens d’adopter une pensée plus systémique et de chercher à faire le bien autour de nous puis plus loin encore.
Sans forcément chercher à confirmer l’aspect spirituel de la philosophie, la psychologie offre aussi un regard intéressant sur ce paradoxe de séparation-unité.
Le modèle des niveaux logiques de la pensée2, qui décrit ce que nous sommes et comment nous fonctionnons dans notre environnement, nous représente comme une pyramide de 4 niveaux — de bas en haut : comportements, compétences et capacités, valeurs et croyances, identité — qui repose sur notre environnement et réside sous un niveau d’appartenance. L’influence principale3 est de haut en bas : notre identité influe nos valeurs qui se traduisent en croyances qui déterminent des capacités d’action qui se matérialiseront comme des comportements au sein de notre environnement.
Dans ce modèle, ce qui nous sépare est le bas de la pyramide, des croyances aux comportements. Alors que ce qui nous unit est en haut — notre identité, comme une contribution au monde, et nos valeurs.
La communication non violente4 dit la même chose : nous tous avons des besoins, qui sont raisonnablement limités en nombre et souvent très proches, et nous adoptons des stratégies très différentes pour les nourrir, qui sont parfois directement en opposition3.
Lorsque j’accompagne des équipes, j’essaye souvent d’aller travailler au niveau des valeurs : les participants reprennent ainsi conscience de ce qui les unit. Une fois ceci reposé, l’amélioration du fonctionnement de l’équipe est toujours plus simple.
La science même peut nous aider à nous en souvenir. Hubert Reeves l’a dit : « nous sommes tous de la poussière d’étoiles. » Et le nous est le plus global imaginable : humain, animal, végétal, minéral, air, astre. La théorie de l’évolution nous dit la même chose : nous sommes tous issus de la même vie.
Est-ce que cela ne nous donne pas une forme de responsabilité liée à notre co-affection ?
Notes & références
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M. Aurèle, Pensées pour moi-même, 2013. ↩
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À relire : niveaux logiques de la pensée. ↩
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À relire : communication non violente. ↩
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