(note reprise dans l'almanach : aller lire la version enrichie)
Un peu moins que plus que parfait
Lorsque je fais ce constat sur moi ou sur les autres, le jugement puis la souffrance sont garantis
Marshall Rosenberg, qui est à l’origine de la Communication Non Violente1, avait l’habitude2 d’utiliser une expression forte qui cristallise bien la violence que l’on peut parfois avoir à notre propre égard. Quand nous sommes insatisfaits de nos actions et que nous faisons le constat que nous sommes « un peu moins que plus que parfait », alors nous accueillons toutes les petites voix du jugement — qu’il appelle les chacals.
Un simple « mais ce n’est pas possible, je suis vraiment trop con » peut nous emmener loin dans une spirale destructrice.
C’est parce que nous nous tenons souvent à un standard très élevé. Notre égo s’identifie beaucoup à ce que nous faisons, il en retire de la valeur. Il se nourrit de ce que nous paraissons au monde. Et il ne tolère pas bien l’échec ou le fait que nous sommes un peu moins que plus que parfait.
Quand j’écris ça, je le vois vraiment comme une entité qui fait partie de moi, mais qui en est en même temps séparée, positionnée quelque part sur ma tête — car l’ego ne peut pas être en dessous de quelque chose — et qui se pavane, gonflée de fierté. Ça, c’est quand tout va bien. Et quand ça va moins bien, quand il se sent menacé dans sa valeur, jugé par les autres, il adopte un double comportement : vis-à-vis des autres il essaie de sauver la face en utilisant un bon mélange de mauvaise foi et de faux détachement et vis-à-vis de moi-même il me tape sur la tête et m’insulte...
Bref, cet égo mal placé, il peut me faire du mal. Je dois le remettre à sa place : c’est-à-dire comme un élément de motivation qui doit pouvoir m’aider à faire de grandes choses, mais sans pour autant prendre le pouvoir. Il reste au service de l’âme.3
Et c’est aussi valable dans ma relation aux autres. Je peux parfois les tenir à un standard très élevé et les juger durement lorsqu’ils sont, à mes yeux, un peu moins que plus que parfait. Évidemment, ma vision de la perfection n’est pas la leur... et en plus, ils ne savent souvent pas à quel standard je les tiens... et enfin, qui suis-je pour les juger ? La recette facile et rapide pour créer de la souffrance.
Le sujet de la perfection en est aussi un à part entière ! Est-ce quelque chose qui existe vraiment ? Ou bien, a contrario, est-ce que tout n’est pas déjà parfait, simplement parce qu’il est ?
Pour essayer de sortir de ça, je retiens la formule4 du génial Alexandre Jollien :
Faisons preuve d’exigence et de tendresse à la fois, envers nous-mêmes et envers les autres.
Notes & références
-
C’est un processus de communication qui permet de réduire les conflits, avec soi-même et avec les autres. J’y ai consacré un apprenti-sage. ↩
-
J.-P. Faure et C. Girardet, L'empathie, le pouvoir de l'accueil, 2013. ↩
-
Voir à ce sujet mon apprenti-sage sur l’égo et l’âme. ↩
-
Il l’a prononcée à l’occasion d’une conférence avec Frédéric Lenoir que je suis allé voir et au sujet de laquelle j’ai déjà écrit. ↩
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