Hugues Le Gendre

(note n°319 du )

(note reprise dans l'almanach : aller lire la version enrichie)

Utiliser les médias sociaux avec intention

Poser un cadre de principes qui m'empêchent de me faire happer

J’ai un rapport ambivalent avec les médias sociaux.

Formidable moyen de se connecter, je reconnais aujourd’hui que lorsque je les utilisais sans intention, je me faisais rapidement happer par la bête.

Sauf il y a une vingtaine d’années, je n’ai jamais été un grand utilisateur de Facebook. Aujourd’hui, je ne m’y connecte que 2-3 fois par an, et chaque fois, j’ai le sentiment désagréable d’avoir loupé des choses... ce qui est complètement l’intention de ses concepteurs ! Pendant un temps, je regardais régulièrement Twitter : c’était une source intéressante de connaissance sur certains milieux startups et techniques des É.-U., mais je m’en suis lassé. Ma came, c’est plutôt LinkedIn. Mais je reconnais aujourd’hui que ça n’est pas beaucoup mieux que Facebook ou Instagram sur beaucoup d’aspects.

La vision du documentaire Derrière nos écrans de fuméeThe social dilemma — et le fait d’avoir des enfants jeunes ont fini de me convaincre de changer mon rapport aux médias sociaux. Aujourd’hui, sur mon téléphone, j’ai tout nettoyé et je n’ai plus de tentation depuis quelque temps.

En revanche, je sais que LinkedIn et peut-être d’autres réseaux peuvent être utiles pour mon développement professionnel1, et peut-être même personnel. La facilité avec laquelle je peux nouer des connexions, déclencher des conversations ou diffuser des idées est tout de même quelque chose de très attirant.

Aussi, j’ai lu avec intérêt cet article2 intitulé 10 règles pour utiliser les médias sociaux avec intention sur un des blogs préférés que je suis sur le minimalisme. Voici les 6 idées qui m’ont le plus marqué :

  1. Sauter dedans, sauter dehors
    C’est l’idée, proposée par Leo Babauta — un partisan du zen moderne —, que les médias sociaux sont comme une rivière qui coule sans fin. Lorsque je saute dedans, il faut profiter de ce qu’il y a là maintenant, sans essayer de rattraper toute l’eau qui est passée avant mon passage, par exemple depuis la dernière fois que je me suis baigné. Et ensuite, il faut vite ressortir.
    Un bon moyen de faire est de mettre des limites de temps d’usage3 sur mon téléphone ou mon ordinateur pour timeboxer ma baignade.
  2. Créer, et pas seulement consommer
    Plutôt que de scroller sans fin et sans utiliser mon cerveau, je peux choisir de créer ou de contribuer. Et pas juste un like. Mais si je prends une posture de créateur, et que je poste du contenu, que j’écris des commentaires réfléchis ou soutenants ou que je participe à des conversations saines, alors je change ma relation au média, j’y ajoute de la valeur. Je passe du côté des 1 %4.
  3. Prendre une pause régulièrement pour évaluer l’usage
    Comme tous les sujets5, mon usage de ces outils mérite une relecture régulière. Un bon moyen de le faire, avec suffisamment de hauteur, est de l’effectuer après une détox digitale d’un mois. Afin d’en ressentir vraiment les effets et d’ouvrir le champ à la croyance qu’une consommation beaucoup plus faible est possible.
  4. Ne pas comparer mon pire à leur meilleur
    C’est un sujet que j’ai déjà abordé : je ne peux me rendre que malheureux en comparant mes coulisses à leurs scènes6. La vie ou les idées mises en valeur sur les médias sociaux par une personne ne sont que la meilleure version choisie au bon moment et restent très peu représentatives de sa vraie vie. Ne pas en avoir conscience, c’est ouvrir la porte à la dépression très rapide. « La seule bonne comparaison à faire est moi aujourd’hui avec moi hier »7 ; et encore...
  5. Garder les mêmes standards qu’en présentiel
    Il est facile de se cacher derrière son clavier pour écrire les pires choses, ou même simplement se comporter avec un peu moins de respect que ce qui est dû. La sécurité que cela apporte ne doit pas me faire me comporter de façon malhonnête ou désintégrée. Un bon moyen de maintenir un standard est de se poser honnêtement la question : est-ce que j’aurais dit la même à la personne si elle était face à moi ?
  6. Chercher à essayer de comprendre les opinions des autres
    Les médias sociaux ont une capacité de polarisation très forte. Notamment en renforçant la bulle informative à laquelle je suis soumis et son effet d’écho. Afin de maximiser mon engagement, je suis exposé à des théories qui renforcent mes croyances existantes et parfois qui sont opposées, afin de me faire réagir. Comme une place d’un village global, les médias sociaux peuvent être une invitation à vraiment découvrir et comprendre d’autres points de vue, et même peut-être développer mon empathie.

Elles confortent mon approche récente8 : principalement créer, mais aussi inviter des gens à échanger, en restant dans la limite de quelques minutes par semaine.

J’aime bien la métaphore de la rivière qui va me faire un bon ancrage.

Notes & références

  1. À relire : pour quoi j’écris.

  2. Lire l’article complet (en anglais)

  3. À relire : prédécision.

  4. Dans la culture internet, on parle de la règle du 1 %, qui indique que 1 % des personnes participant à une communauté sur internet y ajoutent du contenu et 99 % ne font qu’en consommer. Plus d’infos sur Wikipédia, qui en est d’ailleurs un excellent exemple.

  5. Socrate disait : une vie sans examen ne vaut pas la peine d’être vécue.

  6. À relire : nos coulisses et leurs scènes.

  7. C’est de Steven Bartlett.

  8. Mais bon, je suis évidemment soumis à mon biais de confirmation !

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Je m'appelle Hugues Le Gendre et je convertis les problèmes complexes de mes clients en opportunités d'agir autement et de nous transformer (eux et moi).

Mes notes d'apprenti-sage sont la collection des petites choses du quotidien qui me nourrissent, modifient mes modèles mentaux, affinent ma philosophie de vie et me guident sur mon chemin d'apprenti-sage.

Une partie d'entre elles a été réunie dans un almanach : une invitation quotidienne au développement personnel et professionnel. En partageant des théories et des pratiques, documentées précisément et mises en lien avec la vraie vie, et en posant une question importante par jour, il contribue à devenir plus conscient⸱e, s'examiner honnêtement et actualiser sa propre philosophie de vie. En tout cas, ça en a été l'effet sur moi et sur des milliers de lecteurs depuis que je publie mon journal !
Il donne aussi une idée de ce que je cherche à insuffler dans mes interventions.

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