Ça parle de moi
Comment prendre conscience que c'est toujours le cas, quoi que j'en dise ?
Concept
Dans le domaine des perceptions, il y a 3 niveaux dont on doit avoir conscience :
- les faits
- les inférences
- les jugements
Les faits sont ce qu’il y a de plus proche1 de la réalité. Ils sont captés par mes 5 sens, ils pourraient être enregistrés par une caméra par exemple.
Les inférences sont des tentatives d’explication de la réalité, à partir de faits. Ce sont des suppositions dont je suis raisonnablement sûr. Par exemple, si je croise dans la rue un gros chien qui grogne sans laisse, je peux en avoir peur et vouloir me protéger. C’est probablement une bonne idée, mais il n’y a rien de factuel pour dire que ce chien précis, dans ce cas précis, pose un danger pour moi.
Les jugements sont des projections2 personnelles. Elles sont l’interaction entre les faits/inférences et mes valeurs. Pour reprendre l’exemple précédent, si au passage je m’énerve intérieurement sur le maître du chien en me disant que tout de même c’est très dangereux de ne pas mettre de laisse, je suis en train de faire un jugement, en lien probablement avec la vision que j’ai du respect de l’autre.
Réaction
Hors, en tant qu’humain, j’ai une lourde tendance à prendre des inférences, voire des jugements, pour des faits.
Les inférences sont ce que je fais le plus souvent. La réalité est tellement complexe que j’ai mis en place des modèles mentaux, des schémas de réflexion qui me permettent d’interpoler3 ou d’arriver plus rapidement à une décision ou un avis sans avoir à réinventer la roue à chaque fois4. C’est nécessaire pour être fonctionnel, mais les inférences ne sont certainement pas des faits. Elles sont notamment influencées par mes biais cognitifs.
Et juger, en général, je ne m’en prive pas... ou du moins je n’arrive pas m’en priver.
J’en arrive à l’expression « ça parle de moi », que je pourrais compléter par « donc à prendre avec des pincettes ».
Je l’utilise souvent en début de phrase, avant de donner un conseil ou de réagir à ce que quelqu’un m’a dit. C’est un bon moyen d’expliciter à l’autre que ce que je vais dire porte le poids de toute ma vision du monde.
Ce que je dis, même sur l’autre, m’appartient à moi uniquement.
Invitation
Qu’est-ce qui serait différent si je faisais plus souvent le tri entre faits et inférences ou jugements ? Si je reconnaissais, à moi-même et à l’autre, que mon avis est fragile, car souvent bâti sur une interprétation ?
Notes & références
-
À ceci près que la réalité est en fait très subjective, car captée par mes sens et interprétée par mon cerveau. À relire : changer de monde. ↩
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À relire : projection. ↩
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C’est-à-dire de boucher les trous. ↩
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À relire : système 1 & 2. ↩
Ce graph montre le sous-ensemble des apprenti-sages de l'almanach en lien avec celui-ci via :
- une citation directe dans les notes
- un même livre de ma bibliothèque annotée
- une entité de référence commune
Il permet de montrer la tentative de lecture synoptique que j'essaie d'avoir dans ma pratique.
Comment interagir avec le graphe de dépendance ?