Effet IKEA
Comment arrêter de surévaluer ce que j'ai produit ?
Concept
Dans la série mon cerveau me joue des tours1, rubrique mes biais cognitifs, je demande l’effet IKEA.
L’effet IKEA est une extension, très bien nommée, du biais des coûts irrécupérables2 qui consiste à accorder une valeur disproportionnée aux produits que l’on a partiellement créés.
L’étude scientifique3 dans laquelle il est introduit le décrit plus précisément :
Le travail seul peut suffire à induire une appréciation plus importante du fruit de notre labeur, même en montant un simple bureau standardisé, une tâche ardue et solitaire peut amener les individus à surestimer leurs (pauvres) créations.
Ce biais apparaît aussi dans un champ moins tangible, celui des idées : « de nombreux décideurs ou concepteurs [...] ne veulent pas abandonner une idée pourtant erronée : ils surestiment la valeur de cette idée parce qu’ils l’ont eue eux-mêmes. » 4
Les humains ne sont pas les seuls à tomber dans ce panneau : les rats ou les étourneaux ont été observés5 comme préférant obtenir de la nourriture de sources qui requièrent un effort de leur part.
Réaction
Je retrouve ici à l’œuvre le « fais effort », un des cinq drivers6 de l’Analyse Transactionnelle.
Au-delà de l’effort, je suis sensible à l’effet IKEA aussi parce qu’il crée en moi un sentiment de compétence. Or, la compétence est un des trois besoins fondamentaux dans la théorie7 de l’autodétermination.
Sous réserve, évidemment, que les étapes de construction de mon meuble soient bien décrites et que j’arrive au bout sans m’énerver !
Dans mon métier de facilitateur en intelligence collective, c’est un biais que j’ai très largement exploité, pour la bonne cause évidemment... Plutôt que d’essayer de faire appliquer une décision top-down par des gens qui n’adhèrent pas, je propose aux décideurs de faire participer ces personnes à la co-construction de la décision — sans les manipuler, hein ! — pour créer chez eux un consentement très fort voire une envie de la défendre coûte que coûte !
Et vice-versa, dans l’émergence collective d’idée, je dois être vigilant à ce que les gens ne s’accrochent pas trop à leur idée initiale.
Invitation
Qu’est-ce qui serait différent si je m’attachais moins à ce que j’ai produit moi-même ?
Notes & références
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Cette expression est inspirée du livre : A. Moukheiber, Votre cerveau vous joue des tours, 2019. Ce podcast, avec le philosophe Charles Pépin, est à écouter pour en avoir une synthèse. ↩
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À relire : coûts irrécupérables. ↩
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M. I. Norton, D. Mochon et D. Ariely, « The IKEA effect: When labor leads to love », Journal of Consumer Psychology, 2012, 22 (3) : 453-460. ↩
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Pour la Science, L’effet IKEA. ↩
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Kacelnik & Marsh, 2002 ; Lawrence & Festinger, 1962. ↩
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À relire : drivers. Ce sont des messages contraignants, que j’ai beaucoup entendus dans mon enfance, et que j’ai tellement intégrés qu’ils ont tendance à déformer complètement ma vision du monde. ↩
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J’ai partagé depuis un apprenti-sage spécifique sur l’autodétermination. ↩
Des
entités sont
référencées
(en lien avec d'autres apprenti-sages à découvrir) :
biais
(45)
Analyse Transactionnelle
(5)
Ce graph montre le sous-ensemble des apprenti-sages de l'almanach en lien avec celui-ci via :
- une citation directe dans les notes
- un même livre de ma bibliothèque annotée
- une entité de référence commune
Il permet de montrer la tentative de lecture synoptique que j'essaie d'avoir dans ma pratique.
Comment interagir avec le graphe de dépendance ?