Piège de cadrage
Comment soigner le cadre pour soutenir le changement ?
Concept
Dans la série mon cerveau me joue des tours1, rubrique mes biais cognitifs, je demande le piège de cadrage.
D’après Wikipédia :
Le cadrage est l’action de présenter un « cadre cognitif » comme approprié pour réfléchir sur un sujet. Ce cadrage peut avoir un effet sur le raisonnement et conduire à des choix différents en fonction de la façon dont le problème a été formulé.
Ce phénomène a été étudié2 par Tversky et Kahneman3. Ils prennent deux groupes à qui ils indiquent devoir prendre une décision politique pour faire face au déclenchement d’une épidémie. Le premier groupe a le choix entre sauver 200 personnes sur 600 à coup sûr et une chance sur trois de sauver les 600 personnes. Le second groupe a le choix entre laisser mourir 400 personnes et deux chances sur trois de voir 600 personnes mourir. Ainsi les propositions sont strictement équivalentes, mais formulées très différemment. Évidemment, les choix des deux groupes ont été très différents :
- les premiers, qui devaient sauver des vies, ont choisi la première solution à 72 %
- les seconds, qui devaient laisser mourir des malades, ont choisi la seconde solution à 78 %
Plus généralement, les gens font plutôt preuve d’aversion au risque dans un contexte formulé positivement et d’appétence au risque dans un contexte formulé négativement. Plusieurs théories expliquent ce phénomène — notamment le lien avec les fonctions régulatrices des émotions dans le cerveau — et la lecture de sa page Wikipédia en anglais4 est passionnante.
Réaction
Ce biais cognitif est exploité partout, notamment en marketing : la façon de présenter une offre va avoir un impact sur la décision du prospect. En cela, il devient un vrai piège de cadrage.
C’est un sujet très étudié dans la communication aussi. Les médias l’utilisent, consciemment ou non, de façon constante. C’est aussi une des raisons pour lesquelles les messages alarmistes au sujet du climat passent assez mal alors même que des messages formulés positivement qui projettent la personne dans un état désirable sont plus efficaces. Ce champ a été ensuite très exploré par la psychologie positive.
Comme d’habitude avec les biais, le meilleur moyen de les contrer est de favoriser au maximum le fonctionnement du système 23 du cerveau. C’est un exercice compliqué qui demande de la conscience et de l’énergie.
Invitation
Qu’est-ce qui serait différent si j’utilisais des cadrages appropriés pour m’aider, ou aider les autres, à adopter des comportements positifs ou prendre de bonnes décisions ?
Notes & références
-
Cette expression est inspirée du livre : A. Moukheiber, Votre cerveau vous joue des tours, 2019. Ce podcast, avec le philosophe Charles Pépin, est à écouter pour en avoir une synthèse. ↩
-
A. Tversky et D. Kahneman, « The Framing of Decisions and the Psychology of Choice », Science, 1981, 211 : 453-458. ↩
-
À relire système 1 et 2. ↩ ↩2
Des
entités sont
référencées
(en lien avec d'autres apprenti-sages à découvrir) :
Daniel Kahneman
(8)
biais
(45)
décision
(44)
Ce graph montre le sous-ensemble des apprenti-sages de l'almanach en lien avec celui-ci via :
- une citation directe dans les notes
- un même livre de ma bibliothèque annotée
- une entité de référence commune
Il permet de montrer la tentative de lecture synoptique que j'essaie d'avoir dans ma pratique.
Comment interagir avec le graphe de dépendance ?