Hugues Le Gendre

(almanach n°171 du )

Moins que plus-que-parfait

Comment éviter jugement et souffrance grâce à un juste niveau d'exigence ?

Concept

Marshall Rosenberg, qui est à l’origine de la Communication Non Violente1, avait l’habitude2 d’utiliser une expression forte qui cristallise bien la violence que l’on peut parfois avoir à notre propre égard. Quand nous sommes insatisfaits de nos actions et que nous faisons le constat que nous sommes « un peu moins que plus-que-parfait », alors nous accueillons toutes les petites voix du jugement, qu’il appelle les chacals.

Réaction

Un simple « mais ce n’est pas possible, je suis vraiment trop con » peut nous emmener loin dans une spirale destructrice.

C’est parce que nous nous tenons souvent à un standard très élevé. Notre ego s’identifie beaucoup à ce que nous faisons, il en retire de la valeur. Il se nourrit de ce que nous paraissons au monde. Et il ne tolère pas bien l’échec ou le fait que nous sommes un peu moins que plus-que-parfait.

Quand j’écris ça, je le vois vraiment comme une entité qui fait partie de moi, mais qui en est en même temps séparé, positionné quelque part sur ma tête — car il ne peut pas être en dessous de quelque chose — et qui se pavane, gonflé de fierté. Ça, c’est quand tout va bien. Et quand ça va moins bien, quand il se sent menacé dans sa valeur, jugé par les autres, il adopte un double comportement : vis-à-vis des autres, il essaie de sauver la face en utilisant un bon mélange de mauvaise foi et de faux détachement, et vis-à-vis de moi-même, il me tape sur la tête et m’insulte...

Bref, cet ego mal placé, il peut me faire du mal. Je dois le remettre à sa place : c’est-à-dire comme un élément de motivation qui doit pouvoir m’aider à faire de grandes choses, mais sans pour autant prendre le pouvoir. Il reste au service de l’âme.3

Et c’est aussi valable dans ma relation aux autres. Je peux parfois les tenir à un standard très élevé et les juger durement lorsqu’ils sont, à mes yeux, un peu moins que plus-que-parfait. Évidemment, ma vision de la perfection n’est pas la leur... Et en plus, ils ne savent souvent pas à quel standard je les tiens... Et enfin, qui suis-je pour les juger ? La recette facile et rapide pour créer de la souffrance.4

Le sujet de la perfection en est aussi un à part entière ! Est-ce quelque chose qui existe vraiment ? Ou bien, a contrario, est-ce que tout n’est pas déjà parfait, simplement parce qu’il est ?

Pour essayer de sortir de ça, je retiens la formule5 du génial Alexandre Jollien :

Faisons preuve d’exigence et de tendresse à la fois, envers nous-mêmes et envers les autres.

Invitation

Qu’est-ce qui serait différent si je choisissais le juste niveau d’exigence et changeait mon rapport à la perfection ?

Notes & références

  1. À relire : communication non violente.

  2. J.-P. Faure et C. Girardet, L'empathie, le pouvoir de l'accueil, 2013.

  3. À relire : ego et âme.

  4. À relire : loi de Postel.

  5. À relire : exigence et tendresse.

Des entités sont référencées (en lien avec d'autres apprenti-sages à découvrir) :
Alexandre Jollien (8) Marshall Rosenberg (9) CNV (16)

Ce graph montre le sous-ensemble des apprenti-sages de l'almanach en lien avec celui-ci via :

Il permet de montrer la tentative de lecture synoptique que j'essaie d'avoir dans ma pratique.

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Comment interagir avec le graphe de dépendance ?

Réagir & partager

Je m'appelle Hugues Le Gendre et je convertis les problèmes complexes de mes clients en opportunités d'agir autement et de nous transformer (eux et moi).

L'almanach Apprenti-sage est une invitation quotidienne au développement personnel et professionnel. En partageant des théories et des pratiques, documentées précisément et mises en lien avec la vraie vie, et en posant une question importante par jour, il contribue à devenir plus conscient⸱e, s'examiner honnêtement et actualiser sa propre philosophie de vie. En tout cas, ça en a été l'effet sur moi et sur des milliers de lecteurs depuis que je publie mon journal !
Il donne aussi une idée de ce que je cherche à insuffler dans mes interventions.