Hugues Le Gendre

(almanach n°197 du )

Cum hoc ergo propter hoc

Comment éviter de voir une corrélation lorsqu'il n'y a qu'une coïncidence ?

Concept

Dans la série mon cerveau me joue des tours1, rubrique mes biais cognitifs, je demande la corrélation illusoire, aussi représentée par l’expression latine cum hoc ergo propter hoc qui signifie avec ceci, donc à cause de ceci.

Ce biais consiste à percevoir une corrélation entre deux évènements alors même qu’il n’y en a pas ou très peu. Il a été découvert2 au départ sur une population de psychologues qui ont, à tort, interprété différemment les dessins de patients, attribués pourtant au hasard, en fonction des synthèses de leurs troubles.

Ce biais apparaît particulièrement lorsque l’un des évènements observés est distinctif, ou inhabituel.

Une des raisons d’apparition de ce biais est l’heuristique de disponibilité : c’est un mode de réflexion qui se base uniquement sur les informations immédiatement disponibles en mémoire3, sans chercher à en obtenir de nouvelles. Ainsi, lors de la recherche de cause d’un évènement, on va surpondérer des informations concomitantes.

Réaction

Ce biais est activement exploité par certaines personnes : cum hoc ergo propter hoc4 représente ce sophisme de prétendre qu’il y a une causation entre deux évènements alors même qu’il n’y a qu’une corrélation. « A est corrélé à B, donc A cause B. » On tombe très facilement dans le panneau.

Le simple fait de dire « A est corrélé à B » est déjà un sophisme, car cela implique une asymétrie, une prépondérance de l’un sur l’autre. On devrait dire « A et B sont corrélés. »

D’un point de vue logique, l’erreur de la corrélation illusoire écrase et ne retient qu’une possibilité parmi 5 :

Il existe un site internet5 très amusant qui recense ces « corrélations fallacieuses », par exemple le taux de divorce dans l’état du Maine et la consommation individuelle de margarine aux États-Unis (99,26 % de corrélation !).

Attention donc à ce biais qui nous menace, notamment en lien avec l’erreur de la preuve anecdotique6. Et il faut y faire doublement attention si on a un travail lié notamment à l’analyse de données : p. ex. estimation de performance de vente, de succès d’un produit ou contenu en ligne, etc.

Invitation

Qu’est-ce qui serait différent si je considérais aussi les autres possibilités, notamment celle de la coïncidence ?

Notes & références

  1. Cette expression est inspirée du titre du livre : A. Moukheiber, Votre cerveau vous joue des tours, 2019. Et de la discussion eu avec le philosophe Charles Pépin dans son podcast.

  2. L. J. Chapman et J. P. Chapman, « Genesis of popular but erroneous psychodiagnostic observations », Journal of Abnormal Psychology, 1967, 72 (3) : 193–204.

  3. À relire : loi de Miller.

  4. Pour ceux qui connaissent ma passion pour cette série TV, c’est le titre d’un très bon épisode de The West Wing.

  5. À découvrir ici (en anglais).

  6. À relire : erreur de la preuve anecdotique.

Une entité est référencée (en lien avec d'autres apprenti-sages à découvrir) :
biais (45)

Ce graph montre le sous-ensemble des apprenti-sages de l'almanach en lien avec celui-ci via :

Il permet de montrer la tentative de lecture synoptique que j'essaie d'avoir dans ma pratique.

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Comment interagir avec le graphe de dépendance ?

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Je m'appelle Hugues Le Gendre et je convertis les problèmes complexes de mes clients en opportunités d'agir autement et de nous transformer (eux et moi).

L'almanach Apprenti-sage est une invitation quotidienne au développement personnel et professionnel. En partageant des théories et des pratiques, documentées précisément et mises en lien avec la vraie vie, et en posant une question importante par jour, il contribue à devenir plus conscient⸱e, s'examiner honnêtement et actualiser sa propre philosophie de vie. En tout cas, ça en a été l'effet sur moi et sur des milliers de lecteurs depuis que je publie mon journal !
Il donne aussi une idée de ce que je cherche à insuffler dans mes interventions.