Enseigner ou apprendre
Comment choisir la bonne façon de transmettre ?
Concept
Jerry Harvey était un professeur célèbre à l’Université Georges Washington qui a écrit1 :
Plus je suis employé en tant que professeur, moins je deviens sûr de ce qu’un enseignant est censé faire. Quand des étudiants disent, explicitement ou implicitement, « enseignez-moi », je deviens confus, car j’ai rarement le sentiment que j’ai quelque chose à enseigner.
Quand je pense avoir quelque chose à enseigner, je suis généralement déçu. La plupart du temps, les autres le savent déjà, ou bien ne le trouvent pas particulièrement utile, intéressant, pertinent ou profond ; et moi non plus.
J’ai tendance à être d’accord avec Carl Rogers2 [...] [qui] soutient que n’importe quelle chose de valeur ne peut pas être enseignée, mais que beaucoup de valeur peut être apprise. Je suppose que c’est une raison pour laquelle je trouve l’enseignement si peu satisfaisant et l’apprentissage tellement amusant.
Après une critique du corps professoral, plus intéressé par sa position d’enseignant que par l’apprentissage de l’élève, il avoue qu’il ne se sent aucune responsabilité de ce que ses élèves apprennent, mais qu’il est toujours ravi de les aider à apprendre, s’ils le souhaitent. Malgré tout, cela peut créer une anxiété chez lui, car il ne sait pas vraiment ce qui va se passer en classe et le pouvoir qu’il a sur le processus...
Il finit l’article par : « Si j’ai appris une seule chose en étant professeur à l’université, c’est que je n’essaie d’enseigner qu’aux personnes que je ne respecte pas. Faites-moi savoir si j’ai essayé de vous enseigner quelque chose, je m’en excuserai avec plaisir. »
Réaction
Ce genre de réflexion en contre-pied des méthodes traditionnelles me captive, mais me plonge dans le désarroi.
Qu’est-ce que je fais pour l’éducation de mes enfants ? Je reconnais que le système éducatif n’est pas parfait, qu’il crée des cases pour mettre les enfants dedans... Et en même temps, je ne me vois pas prendre en charge l’intégralité de leur éducation, même si la perspective est parfois inspirante3 !
Qu’est-ce que je fais pour les formations que je donne ? J’adore transmettre et je reconnais que dans la dernière formation que j’ai donnée4 j’ai voulu mettre beaucoup de contenu ! Je dois pouvoir faire mieux que ça...
La solution se trouve sûrement dans l’idée reprise par Ed Batista5, un coach qui a enseigné à Stanford et qui cite souvent Jerry Harvey : plus qu’enseigner, il faut créer un environnement dans lequel l’élève a envie d’apprendre et lui tendre la main afin qu’il rejoigne l’enseignant dans le processus.
Invitation
Qu’est-ce qui serait différent si je me concentrais sur la création6 d’un espace de transformation et d’apprentissage, puis que je lâchais prise, en confiance ?
Notes & références
-
J. Harvey, Learning to Not Teach, 1979. La traduction est personnelle. ↩
-
C. Rogers, Personal thoughts on teaching and learning, 1961. ↩
-
P. Laricchia, Free to Learn: Five Ideas for a Joyful Unschooling Life, 2012. ↩
-
Sur la psychologie du code. ↩
-
En savoir plus sur ma pratique de coach et de facilitateur. ↩
Des
entités sont
référencées
(en lien avec d'autres apprenti-sages à découvrir) :
Carl Rogers
(3)
Ed Batista
(6)
parentalité
(24)
enseignement
(1)
pédagogie
(2)
Jerry Harvey
(1)
Ce graph montre le sous-ensemble des apprenti-sages de l'almanach en lien avec celui-ci via :
- une citation directe dans les notes
- un même livre de ma bibliothèque annotée
- une entité de référence commune
Il permet de montrer la tentative de lecture synoptique que j'essaie d'avoir dans ma pratique.
Comment interagir avec le graphe de dépendance ?