4000 semaines
Comment comprendre l'illusion de vouloir les optimiser ?
Concept
Ma vie est faite d’environ 4 000 semaines.
C’est un nombre qui a juste la bonne taille pour en avoir une bonne capture cognitive1.
D’ailleurs, il ne m’en reste qu’environ 2 000...
Évidemment, ça donne évidemment envie de poser la question : est-ce que je les emploie bien ?
Ce nombre symbolique est le cœur de la thèse d’Oliver Burkeman2. Et ce qui me questionne dans son livre3, c’est la question du besoin de contrôler, planifier, optimiser sa vie. L’auteur était comme ça, et le temps passant, il a pris conscience que le grand flot de la vie fait que les choses n’arrivent finalement que rarement comme planifiées et que le temps ne sera jamais vraiment en ma possession4 pour le dépenser de façon efficiente.
Sa thèse est que le temps, dans le sens à passer ou à dépenser ou à allouer à des activités, cette forme d’urgence, est une notion apparue récemment, au croisement du déclin de la croyance en une vie après la mort et de la montée de la révolution industrielle. La prise de conscience dans notre finitude, notion chère à Heidegger, et le décompte précis, comptable, voire pécuniaire, du temps, a mis l’humain dans une anxiété et une volonté d’optimisation. Par exemple, quoi que l’on fasse, la procrastination et le FOMO5 sont pour lui inévitables et le seul moyen de s’en libérer est d’en prendre conscience.
Réaction
Je suis un grand optimisateur. J’aime me dire que je suis bien organisé, un as de la productivité avec des outils et des processus et une discipline qui font bien tourner ma vie... En aparté, je n’ai pas mesuré le temps que j’ai passé à rechercher, itérer, modifier tous ces aspects, rendant peut-être le retour sur investissement de toute cette quête de productivité nulle ou même négative.
Du coup, tout ça m’interpelle : est-ce que je suis tellement dans le souhait de contrôle que je passe à côté d’une partie de ma vie ?
Et je sais pertinemment que la réponse est affirmative. Les situations de tensions intérieures que je peux ressentir sont exactement celles où le temps est compté — on doit partir à l’école, je souhaite qu’on arrive à l’heure à une invitation, etc. Ce sont des moments où je perds le contrôle du temps, par exemple lorsque je suis prêt, mais que mes enfants trainent, et qu’en conséquence, je perds le contrôle de moi en m’énervant.
L’un des héros du livre de Burkeman est celui qui va prendre un après-midi sur un coup de tête pour ne rien faire de particulier. Et j’aime à croire que mon curseur personnel n’est pas complètement grippé du côté de l’optimisateur, car j’ai conçu ma vie professionnelle pour avoir beaucoup de temps libre.
Invitation
Qu’est-ce qui serait différent si j’essayais un peu moins d’optimiser l’usage de mon temps ?
Notes & références
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Écrit comme ça, ça me paraît très peu ! Comme l’indique cet article (en anglais) du Guardian, c’est seulement 4 000 samedis soir, 4 000 dimanches paresseux et 4 000 lundis matin à appuyer sur snooze. Même si je n’ai pas exactement les mêmes références aujourd’hui, voir sa vie résumée à ce petit chiffre, que j’arrive à capturer cognitivement bien mieux que 77 — ans —, 28 000 — jours — ou 67 2000 — heures —, ça fait quelque chose. Ainsi qu’à ma femme, qui a partagé avec moi ce sujet. ↩
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O. Burkeman, Four Thousand Weeks: Time Management for Mortals, 2021. ↩
-
Je ne l’ai pas encore lu, uniquement des articles à son sujet. ↩
-
À relire : rapport au temps. ↩
-
En anglais, Fear Of Missing Out, la peur de louper quelque chose, induite par la décision que je prends et qui me ferme d’autres opportunités que je vais peut-être regretter. ↩
Des
entités sont
référencées
(en lien avec d'autres apprenti-sages à découvrir) :
contrôle
(14)
discipline
(8)
mort
(5)
procrastination
(3)
Oliver Burkeman
(1)
Martin Heidegger
(1)
Ce graph montre le sous-ensemble des apprenti-sages de l'almanach en lien avec celui-ci via :
- une citation directe dans les notes
- un même livre de ma bibliothèque annotée
- une entité de référence commune
Il permet de montrer la tentative de lecture synoptique que j'essaie d'avoir dans ma pratique.
Comment interagir avec le graphe de dépendance ?