Hugues Le Gendre

(note n°308 du )

(note reprise dans l'almanach : aller lire la version enrichie)

Audit innovation express

2 questions simples pour l'évaluer rapidement, au-delà des beaux discours

Un de mes champs d’intervention est l’innovation : j’accompagne régulièrement des clients dans des logiques de transformation de leur business model, de produits, etc. Aussi, j’ai été très intéressé par cette approche1 de Frédéric Etiemble, associé de Strategyzer2.

Alors même que l’audit complet du système d’innovation d’une entreprise peut prendre 3 mois — le temps de trouver les bloqueurs et les moteurs et arriver à une liste de recommandations —, poser deux simples questions aux leaders de l’organisation suffit en général à se faire une bonne idée de l’importance de l’innovation.

Question 1 : combien de temps passe le CEO sur l’innovation par semaine ?

Ce temps passé est un bon proxy de l’importance de l’innovation pour l’organisation, au-delà de ce qui est affiché. Ainsi, si c’est faible, ça envoie un message clair à toute l’entreprise : si tu veux être un jour à ma place, ne perds pas de temps avec l’innovation.

Question 2 : quelle part d’échec pouvez-vous tolérer dans votre portefeuille ?

Alors même qu’un niveau important d’échec dans le business actuel de l’organisation est un problème et nécessite une amélioration de la planification ou de l’exécution, c’est le contraire pour les sujets d’innovation. Sinon, il n’y a pas d’apprentissages et pas d’exploration possible de sujets vraiment nouveaux. Ainsi, si le niveau de réussite attendu est 80 %, ça envoie le message clair : l’échec n’est pas une option. Et dans une organisation, cela peut être synonyme d’un suicide de carrière.

Et les réponses à ces questions sont souvent sans appel, dans leur expérience et dans la mienne.

Je trouve que ces deux questions sont très puissantes aussi pour mon propre développement. Il suffit de remplacer innovation par développement personnel, amélioration continue, formation, exploration de nouveaux sujets, etc. J’ai choisi un modèle d’indépendant pour laisser une forte place à ce sujet, au moins 20 % de mon temps si ce n’est plus. Et pourtant, ça fait du bien de me les reposer, car j’observe que c’est moins automatique ces derniers temps. Et je n’en suis pas très satisfait.

Notes & références

  1. Lire l’article original (en anglais).

  2. C’est la société notamment à l’origine des canevas Value Proposition et Business Model. A. Osterwalder, Y. Pigneur, P. Papadakos, G. Bernarda et A. Smith, Value Proposition Design: How to Create Products and Services Customers Want, 2015.
    A. Osterwalder et Y. Pigneur, Business Model Generation, 2010.
    D. J. Bland et A. Osterwalder, Testing Business Ideas, 2019.
    A. Osterwalder, Y. Pigneur, F. Etiemble et A. Smith, The Invincible Company: How to Constantly Reinvent Your Organization with Inspiration From the World's Best Business Models, 2020.

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Je m'appelle Hugues Le Gendre et je convertis les problèmes complexes de mes clients en opportunités d'agir autement et de nous transformer (eux et moi).

Mes notes d'apprenti-sage sont la collection des petites choses du quotidien qui me nourrissent, modifient mes modèles mentaux, affinent ma philosophie de vie et me guident sur mon chemin d'apprenti-sage.

Une partie d'entre elles a été réunie dans un almanach : une invitation quotidienne au développement personnel et professionnel. En partageant des théories et des pratiques, documentées précisément et mises en lien avec la vraie vie, et en posant une question importante par jour, il contribue à devenir plus conscient⸱e, s'examiner honnêtement et actualiser sa propre philosophie de vie. En tout cas, ça en a été l'effet sur moi et sur des milliers de lecteurs depuis que je publie mon journal !
Il donne aussi une idée de ce que je cherche à insuffler dans mes interventions.

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